JEAN-PIERRE TAHAY

Fédérateur

Directeur technique de Fayat Métal, Président du Centre Technique Industriel de la Construction Métallique (CTICM), Administrateur de l’association pour la promotion de l’enseignement de la construction acier (APK), Jean-Pierre Tahay porte haut les couleurs de la construction métallique. Son credo : fédérer les hommes, les ressources et les savoirs pour répondre aux enjeux du présent et aux défis du futur.

 

Photo : Anne-Claude Barbier

Quelles sont vos fonctions au sein de Fayat Métal ? 

Fayat Métal est une division du groupe Fayat, qui rassemble quatorze entreprises dont le périmètre balaie tout le champ d’activité de la construction métallique, des ouvrages les plus simples aux plus complexes. Elle est organisée en trois pôles : Architecture, Construction métallique et Fayat Lifting Solutions pour les équipements de levage et la manutention. En tant que directeur technique, mon rôle est multiple. Il s’agit avant tout de fédérer les forces vives d’ingénierie, de créer et d’animer un réseau d’experts métiers. Mon objectif est de cultiver les synergies, de partager les ressources et de développer ensemble les savoir-faire pour répondre aux besoins des clients. Nos métiers très complexes exigent l’excellence technique. De fait, avec près de 300 M€ de chiffre d’affaires, Fayat Métal, acteur majeur de la construction métallique en France, entretient l’excellence grâce à l’activité R & D, qui ne peut se concevoir que mutuellement, en misant sur la valorisation des atouts des uns et des autres, et en favorisant une véritable émulation par les échanges transversaux. Également en charge de la stratégie de numérisation intégrale des entreprises, je prône une approche moderne fondée sur l’interopérabilité et la gestion des métadonnées. Les entreprises doivent se fédérer pour affronter les enjeux colossaux de la numérisation, de la robotisation, de la cobotisation et l’intégration des technologies innovantes aux ateliers. Le plan stratégique se doit aussi d’intégrer une dimension d’agilité pour s’adapter aux mutations technologiques. La performance de l’entreprise de demain sera obtenue grâce aux apports de l’intelligence artificielle, qui mettra en question les paradigmes établis et changera notre conception de l’acte de construire, nos méthodes de travail et nos métiers.

Comment avez-vous traversé cette crise sanitaire et économique en 2020 ?

Le premier confinement a été un choc. Les chantiers se sont arrêtés net pendant presque deux mois, et les ateliers, en attendant les protocoles opérationnels sanitaires, ont été interrompus eux aussi, mais moins longtemps. Ce premier choc a été bien absorbé et, au final, il s’agissait plus d’une suspension d’activité. Nous avons eu très peu de projets annulés, mais il a fallu s’adapter très vite et c’est là toute la force d’un réseau où le partage des expériences de chacun a permis d’adopter la bonne stratégie pour la reprise. Les résultats pour 2020 sont restés relativement corrects, et les projets ont pu reprendre. Mais je crains beaucoup plus l’effet « après », le contrecoup économique. On en perçoit les prémices aujourd’hui. Malgré l’inquiétude, nous considérons que ce temps de crise est une opportunité pour préparer le rebond, en misant précisément sur la numérisation, la diversification de nos activités, le réemploi, les enjeux énergétiques et le développement d’autres formes de business ; bref, se remettre en question et ne rien s’interdire. Je reste persuadé que ce sont ceux qui auront su bouger, évoluer pendant la crise qui s’en sortiront le mieux après. L’immobilisme ou le repli pessimiste seraient dramatiques. Il faut certes faire des arbitrages, mais, surtout, ne jamais renoncer aux promesses du futur.

Quel est votre rôle au sein du C TICM ? 

Je suis président du CTICM depuis six ans et n’ai pas de rôle opérationnel puisqu’il y a un directeur général, Philippe Hostaléry, patron du centre depuis deux ans. J’ai un rôle d’appui qui repose sur une bonne synergie entre nous deux. Le duo fonctionne bien, ce qui est fondamental au regard des attaques à l’encontre de notre matériau. Dans le contrat d’objectif et de performance 2020-2023, élaboré avec les professionnels, nous poursuivons quatre objectifs majeurs : l’efficience des solutions avec mixité des matériaux (l’acier étant le matériau commun incontournable), la mise en place d’un Institut de la construction métallique destiné à fédérer tous les acteurs de la construction métallique pour défendre nos solutions, l’économie numérique et circulaire (avec le réemploi), et, enfin, l’accompagnement des PME et TPE qui, tout en maillant le territoire, contribuent à la valeur ajoutée et à la réindustrialisation de notre pays. Avec la crise, nous nous sommes adaptés à la diminution des ressources qui va fatalement arriver puisque le CTICM se finance sur une taxe affectée. Le centre fait preuve d’une grande résilience par rapport à cette situation. Nous avons considéré qu’il fallait absolument garder ces axes stratégiques fondamentaux pour l’avenir de notre profession. 

Vous êtes très actif pour promouvoir l’acier dans l’enseignement. Comment faire davantage connaître les métiers de la construction métallique ? 

L’avenir, c’est aussi les jeunes. Quand on partage le savoir, il se multiplie. Il doit essaimer partout, entre entreprises, entre constructeurs et dans la formation. Particulièrement techniques, nos métiers évoluent très vite. Il nous faut accompagner ces formations et, bien sûr, attirer les jeunes. Au sein de l’APK, Association pour la promotion de l’enseignement de la construction en acier, présidée par Loïc Da Silva, nous avons à coeur cette notion de transmission des savoirs. L’enseignement est un domaine qu’il ne faut absolument pas négliger et ce depuis le plus jeune âge, dès le collège. Il est crucial dans la cohérence globale de la filière acier-construction que l’APK puisse fédérer enseignants, ingénieurs et constructeurs métalliques. La révision du BTS Construction métallique dont nous sommes les co-auteurs avec l’Éducation nationale est, à ce titre, exemplaire. Nous souhaitons attirer un public plus large, qui puisse aussi se féminiser un peu plus. Le référentiel a été construit au plus proche des préoccupations des constructeurs métalliques – petits et grands – en imaginant comment le métier pouvait évoluer. Fortement influencé par la révolution numérique, ce nouveau BTS Architecture Métal, Conception, Réalisation répond désormais au temps présent et anticipe les métiers du futur.

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