FUTURS ANTÉRIEURS

Y a-t-il un avenir pour le patrimoine architectural ?

Deuxième édition de la conférence « Futurs antérieurs, Y a-t-il un avenir pour le patrimoine architectural ? » qui explore projets aboutis et solutions constructives. Sur quels critères un édifice, un monument, un ensemble architectural font-ils partie intégrante du patrimoine ? Ce nouveau volet du cycle « Construire les territoires de demain » interroge le présent pour redonner un avenir au passé.

Retrouvez toutes les conférences de ConstruirAcier sur construiracier.fr

« Qu’est-ce qui fait aujourd’hui patrimoine ? », interroge Franca Malservisi en rappelant la définition courante qui correspond à « un ensemble de biens meubles et immeubles que l’on a envie collectivement de transmettre aux générations futures ». Si l’idée apparue à la Révolution française visait à préserver les monuments exceptionnels, la notion s’est progressivement élargie aux bâtiments moins monumentaux. Dès 1840, une liste officielle identifie ainsi environ 700 bâtiments méritant l’aide de l’État pour leur restauration. Au début des années 1970, il est alors question de patrimoine mondial culturel et naturel. Les notions de danger, d’urgence, l’évolution des sensibilités et la nécessité de nouvelles protections ont considérablement élargi le champ patrimonial. Quelque 43 600 bâtiments sont ainsi classés par l’État. S’il s’agit aujourd’hui de protéger le patrimoine, la question se pose de savoir comment on s’en occupe. Restauration, réhabilitation, rénovation… : l’idée que l’on ne peut plus agir sur un édifice patrimonial est une idée reçue, selon Franca Malservisi qui estime « qu’on le change beaucoup plus à partir de l’existant pour l’adapter à l’idée de monument ». Et de citer en exemple le projet du Lincoln Center de New York dont les interventions architecturales ont bousculé les idées reçues et imposé d’approfondir la connaissance de l’existant. Pérennité, durabilité, réhabilitation, rénovation, extension… 

À travers une série de projets emblématiques de l’architecture acier, l’exposé préparé par Bertrand Lemoine est venu témoigner de toute la richesse de ce patrimoine et des solutions leur conférant une nouvelle vie et de nouveaux usages. Depuis septembre 2015, un fabuleux chantier de rénovation, de restructuration et de construction neuve de La Samaritaine, fondée en 1870, conjugue les mixités d’ouvrages et additionne les complexités. En attendant sa réouverture, Lucy Styles est revenue sur ce fleuron de l’architecture commerciale, dont la réhabilitation mêlant patrimoine – qui marie dans un même ensemble 17e, 18e, 19e, Art nouveau, Art déco et contemporain – et création fait la part belle à l’architecture acier. 

Érigée non loin de l’église Saint-Eustache entre 1763 et 1767, la halle aux blés parisienne a bénéficié depuis de plusieurs transformations toutes aussi innovantes au fil de ses usages. Elle se mue aujourd’hui pour accueillir la collection Pinault. Un prestigieux trio d’architectes – Tadao Andō associé à la jeune agence NeM et à Pierre-Antoine Gatier – allie subtilement mémoire et contemporanéité. La rénovation de la coupole, détaillée par Lucie Niney et Pierre-Antoine Gatier en est une des illustrations. 

Selon Julien Callot, obligation est faite aujourd’hui de changer de paradigme et de poser la question de l’existant. Si les projets ne sont pas considérés comme appartenant au patrimoine, ils font plutôt partie, selon Julien Callot, « d’un patrimoine commun où, dans une réflexion sur le patrimoine, l’attention portée au projet est tout aussi importante que la spécificité du bâtiment ». Très belle démonstration avec l’intervention des architectes sur deux immeubles de logements collectifs – la résidence Plein Ciel à Saint-Nazaire et la cité du Grand Parc de Bordeaux – misant sur la qualité, la générosité et les solutions constructives avec l’acier. 

LES INTERVENANTS 

• Qu’est-ce qui fait patrimoine ? 

Franca Malservisi, architecte conseil au CAUE
Val-de-Marne, docteur en histoire de l’architecture. 

• L’acier, matériau de la réhabilitation et du patrimoine
Michel Royer-Muller, ingénieur et responsable technique Construiracier en remplacement de Bertrand Lemoine, architecte, ingénieur et historien. 

La Samaritaine, renouveau d’un lieu mythique
Lucy Styles, architecte, agence Sanaa. 

• La Bourse de commerce, mutations à travers les époques
Lucie Niney, architecte associée, NeM/Niney et Marca Architectes ; Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, agence Pierre-Antoine Gatier. 

• Faire ici et maintenant, pour demain
Julien Callot, architecte, chef de projet, agence Lacaton & Vassal. 

0