RÉNOVATION DU COMPLEXE DE LA RÉPUBLIQUE, PAU

Complexe « rePausitionnement » architectural

Construit en 1975, le Complexe de la République périclitait en raison de la vétusté fonctionnelle et architecturale de son marché couvert flanqué d’un immeuble de bureaux très dégradé. Sa rénovation s’inscrit dans le vaste projet de requalification urbaine du quartier. Privilégiant l’acier, la réponse globale – tant en termes d’usage que d’image – formulée par Philippe Ameller et Jacques Dubois a emporté les suffrages du jury municipal.

La réhabilitation du Complexe de la République à Pau et la requalification urbaine du quartier constituent un des premiers projets d’envergure initiés depuis dix ans pour redynamiser la ville. Photo : J-F Tremege
La nouvelle halle adopte un plan simple et sensiblement carré. Photo : Balloide-Photo Bayonne
Un traitement architectural ambitieux, différencié, mais complémentaire. Photo : F. Brouillet
Rehaussées, les nouvelles silhouettes des tours s’affinent et s’élancent dans le ciel. Photo : F. Brouillet

RETOUR EN GRÂCE DU CŒUR DE VILLE

Bien que stratégiquement située en plein cœur de Pau et orientée au sud vers les Pyrénées, la place de la République n’offrait jusqu’alors qu’un bâti hétérogène. Il était temps qu’elle (ré)active sa vocation de centralité attractive et devienne un lieu de destination séduisant, moteur de redynamisation de l’ensemble du quartier. Le retour en grâce, depuis une bonne décennie, des marchés couverts et des halles – auprès non seulement de la population locale, mais aussi des touristes de passage – justifiait la mue du Complexe en un bâtiment identitaire palois, voire régional. Ses trois composantes programmatiques (halle des étaliers, carreau des producteurs et immeuble de bureaux) s’inscrivent désormais dans une figure unitaire à l’identité forte et signifiante. La reconstruction de la halle et la restructuration lourde de la partie tertiaire offrent à la première une vraie vitrine commerciale et à la seconde un parvis et un lobby d’accueil de plain-pied avec la ville, mais interpose aussi entre les deux une bien inattendue agora surélevée, généreusement abritée et traversante de la place à la rue de la République.

UNE HALLE BIEN CHARPENTÉE

Sensiblement carré, son plan simple reprend la trame d’implantation de l’ancien marché. Acheminées sur site en pièces détachées et hautes de 3 m, onze poutres-treillis (deux poutrelles HEA 300 contreventées par des tubes rectangulaires d’une portée de 46 m reposent en périphérie sur des poteaux HEA 400) – ponctuellement contreventés par des croix de Saint-André en tubes ronds sur gousset central – qui portent également le plancher (IPE 600 et 400) de l’étage. Cette charpente libère les deux niveaux (de plus de 2 000 m2) de tout poteau intermédiaire afin de fluidifier les parcours aux larges allées convergeant vers l’atrium central en double hauteur. D’une grande porosité visuelle depuis l’extérieur car intégralement vitré sur trois côtés, le rez-de-chaussée (3,42 m sous faux-plafond) héberge le carreau des producteurs à l’exception de quelques étals gastronomiques autour du patio annonçant la halle des étaliers de l’étage auquel conduisent des escalateurs. Combinant vente et dégustation, les stands s’y signalent par d’aériens dais suspendus à la charpente via des pyramides en tubes ronds (114,3 mm de diamètre). Quelques puits de lumière douchent ici et là les circulations. Du côté opposé à l’arrivée des escalateurs, un vaste parvis haut parqueté de bois déploie ses 3 200 m2 à l’ouest jusqu’à l’immeuble de bureaux qu’enchâssent deux généreux emmarchements le reliant aux trottoirs. Un ample auvent ombragé naît du prolongement de la résille blanche en métal perforé (selon deux densités) capotant tout le niveau supérieur de la halle sans pour autant la priver de vue tamisée sur les alentours.

Résille métallique blanche aux perforations déclinées selon deux densités et panneaux verticaux de couleur bronze. Photo : F. Brouillet
Photo : F. Brouillet
Renforçant les transparences, la halle semble flotter au-dessus d’un socle vitré unitaire. Photo : F. Brouillet
Photo : J-F Tremege
Doc. : Ameller Dubois
Photo : F. Brouillet
La place de la République occupe une position centrale remarquable au cœur de la ville de Pau. Doc. : Ameller Dubois

TOUR BICÉPHALE

Destinés à accueillir les locaux de la police municipale, différents services de la Ville et nombre de bureaux associatifs, l’immeuble tertiaire originel a fait l’objet d’une profonde restructuration et d’un traitement ambitieux de sa silhouette architecturale pour se signaler dans la skyline de Pau.
Le triste monolithe béton s’est mué en deux petites tours asymétriques accolées comme des sœurs siamoises à leur nouveau noyau de circulations verticales et réseaux. Surélevées de 4 et 8 m par des coiffes ajourées laissant transparaître leur charpente métallique, elles ont gagné en légèreté. Plus élancée, la partie occidentale est drapée dans la même vêture métallique blanche que celle de la halle opposée, mais, ici, déclinée selon une trame horizontale. Côté place haute, des panneaux verticaux perforés de couleur bronze et pliés sous des angles différents confèrent à ces façades des effets vibratoires cinétiques qu’accentue, la nuit venue, la mise en lumière intégrée conçue par François Migeon (agence 8’18’’). Le contraste de leur habillage respectif engendre une perception bicéphale de l’immeuble rénové dont le dernier étage abrite les salles de réunion mutualisées d’où l’on peut embrasser le panorama sur la cité et les Pyrénées. Débuté en 2017, le chantier s’est déroulé en trois phases en site occupé. Les travaux de piétonisation des rues adjacentes parachèveront à l’automne prochain cette opération de requalification urbaine.

  • Maître d’ouvrage : Ville de Pau
  • Architectes : Ameller Dubois
  • BET TCE : Gruet Ingénierie
  • Charpente métallique : Cancé
Le traitement en verre des garde-corps, allié aux structures légères métalliques des ciels d’étals, permet de dégager les vues. Photo : J-F Tremege
Photo : J-F Tremege
Au-delà d’un simple marché couvert, les espaces collectifs de dégustation en font un nouveau lieu d’échange et de convivialité pour la population. Photo : F. Brouillet
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