L’ARBRE BLANC À MONTPELLIER

Une folie montpelliéraine

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Conçu par le groupement Nicolas Laisné, Dimitri Roussel, Sou Fujimoto et Manal Rachdi, l’immeuble d’habitation L’Arbre Blanc à Montpellier fait éclore, à la manière d’une ramure, ses 193 terrasses en un foisonnement de balcons et d’ombrières. Balcons métalliques, garde-corps ouverts, porte-à faux de plus de 7 mètres : la finesse d’exécution de ce projet déjà iconique s’est imposée comme une prouesse rendue possible grâce à l’acier.

La genèse de L’Arbre Blanc a décidément tout du conte de fées. Répondant à un appel à candidatures de la Ville de Montpellier sur le thème des « Folies » montpelliéraines, deux architectes, Nicolas Laisné et Manal Rachdi, souhaitent « faire quelque chose de différent ». Ils contactent alors les promoteurs de la région, Groupe Proméo, Evolis Promotion, puis Crédit Agricole Languedoc Immobilier et Opalia. Leur idée : s’associer à un architecte international, le Japonais Sou Fujimoto, pour concevoir un projet architectural unique, une authentique « Folie » du 21e siècle. Un simple mail suivi d’une réponse particulièrement rapide et enthousiaste, et les deux architectes s’envolent pour Tokyo. Enfermés toute une semaine, les quatre concepteurs planchent d’arrache-pied sur le projet via différentes petites maquettes d’études. Comme autant de fées penchées sur le berceau, une belle entente, un bon esprit et de la fluidité dans les idées font germer, six jours plus tard, l’image du bâtiment sous sa forme définitive.

« Une tour pour tous »

Implanté au bord du Lez, à deux pas de la biblio­thèque universitaire, dans le sous-quartier Richter, L’Arbre Blanc sort de terre, deux ans plus tard, pour s’élever vers les nuages. L’objet ? Une tour de 17 étages, de structure classique, d’une hauteur totale de 54,35 m sur une surface de 10 225 m2. Une tour, certes, mais pas n’importe laquelle. « Une tour pour tous », selon le vœu des architectes, accessible à tout le monde afin que chacun puisse profiter pleinement du bâtiment et du panorama offert, de ses vues tantôt sur la mer, tantôt sur le pic Saint-Loup ou Montpellier et le Lez en contrebas. Multiprogrammatique, elle accueille, outre les 113 logements (du T2 au T5), un restaurant et une galerie d’art contemporain (au rez-de-chaussée et R + 1), un bar panoramique accessible de façon séparée des logements via un ascenseur indépendant du rez-de-chaussée au R + 17. Mais la « Folie » proprement dite, ce sont les 193 balcons-terrasses de 7 à 35 m2 qui composent la structure secondaire.

193 balcons métalliques qui ne se superposent jamais. ©NLA/Dream/SFA/Oxo
Des tirants scellés dans les dalles au moment du coulage, auxquels viennent s’accrocher des HEB.

Finesse et légèreté, solution acier

Pour cet immeuble situé dans la ville détentrice du record national d’ensoleillement, les architectes ont développé une thématique intérieur/extérieur aussi intelligente et esthétique que surprenante. Leur priorité : chaque séjour doit offrir un accès principal au balcon afin d’abolir la limite entre intérieur et extérieur. Les logements ne sont donc pas configurés de la même façon. Les 193 balcons ne se superposent jamais – d’où l’impression de vivre dans un arbre –, ne sont pas perpendiculaires à la façade et créent donc une pièce à vivre supplémentaire. Très vite, la solution acier s’est imposée au regard de la nécessité de finesse et de légèreté. Les balcons sont des PRS (profilés reconstitués soudés) à âme variable, fixés en façade, reliés entre eux par des poutrelles portant en sous-face un bac acier. Avec une forte contrainte : pour rapporter les eaux des balcons vers la façade, les architectes devaient trouver un produit étanche, le plus lisse possible tout en restant dans un coût raisonnable avec une stabilité au feu d’1 h 30. Après plusieurs essais, ce sont les panneaux de Vulcasteel de Joris Ide qui ont été adoptés. Afin de profiter des vues et de conserver le maximum de transparence, des garde-corps très ouverts en inox sont venus parachever les balcons équipés de jardinières implantées faisant office de pare-vue et de pare-vent.

Maîtrise d’ouvrage : Proméo Patrimoine, Opalia,
Evolis Promotion, Crédit Agricole Languedoc Immobilier
Architectes : Nicolas Laisné Architectes (NLA), Dimitri Roussel Ensemble Architecture Métropole (Dream), Sou Fujimoto Architects (SFA), Manal Rachdi
(Oxo Architectes)
Entreprise : Société provençale de constructions
métalliques (SPCM), Bernard Gilles Traitement de surface : Surfacier (groupe Optitec)

La conception de prototypes a permis de finaliser les détails sur les fixations dessinées au millimètre près.

Une « pelle à pizza » révolutionnaire

Merveilleuse idée architecturale que de concevoir un immeuble entièrement paré de balcons terrasses, mais, dans la pratique, comment les poser ? Arrivés en pièces détachées, les balcons ont été assemblés dans quatre ateliers de montage installés au bas du bâtiment. Chaque balcon, de taille et de poids différents, a été levé au moyen d’une plateforme révolutionnaire conçue par Bernard Gilles, gérant de la Société provençale de constructions métalliques (SPCM). C’est un palonnier, ou plus précisément, selon les termes de son concepteur, une « pelle à pizza » équipée d’un contrepoids motorisé géré au moyen d’une télécommande réglant l’équilibre de la plateforme qui a permis le levage et l’accostage des balcons à raison de quatre à cinq pièces par jour.
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