EXTENSION-RÉNOVATION
DU ZÉNITH DE NANCY

Le Zénith à son apogée

Conçu par l’architecte Denis Sloan et inauguré en 1993, le Zénith de Nancy, au design sophistiqué de guitare électrique, vient d’opérer sa métamorphose. Une extension-rénovation de cette salle, unique en son genre, a permis notamment de porter la jauge extérieure de 6 000 places à 8 000, la rénovation générale de la salle de spectacle, le réaménagement de l’amphithéâtre extérieur (d’une capacité conservée de 25 000 places) et la rénovation des espaces extérieurs. 

« C’était une sacrée aventure de réaliser ce Zénith tout en acier, se souvient Daniel Pierron, qui a géré le chantier de construction de la salle de concert nancéenne, il y a 27 ans. C’était un vrai symbole pour la Lorraine faisant le deuil de la sidérurgie. Et finalement, il n’a pas trop mal vieilli. » La belle aventure poursuit son cours en 2019 avec, cette fois-ci, l’architecte Valentin Pierron, le fils, qui accompagnait déjà son père sur le chantier du Zénith, implanté sur le site des anciennes carrières de Solvay, à Maxéville. Élaboré simplement, le principe constructif de l’ouvrage se compose de deux blocs béton calés dans les angles abritant les locaux techniques et ceux du personnel. Une gigantesque poutre transversale en acier de 180 m de longueur par 15 de hauteur s’appuie sur ces deux coques. Sur celle-ci s’accroche une seconde poutre-treillis longitudinale de 60 m de portée et de 8 m de hauteur qui repose à l’autre extrémité sur une pile en béton, ainsi que le plafond technique équipé de passerelle culminant à 13 m du sol. Le grill technique était prévu pour supporter 24 t de matériel scénographique ajouté et suspendu. La salle de 6 000 places conjugue ainsi deux capacités (indoor/outdoor) grâce à une scène réversible et six grandes portes coulissantes de 16,80 m de hauteur assurant une large ouverture de scène (72 m) ouvrant sur un amphithéâtre extérieur de 25 000 places. 

TROIS DÉFIS RELEVÉS : DÉLAIS, CONCEPTION-CONSTRUCTION ET TOLÉRANCES 

L’extension a consisté à construire, à l’arrière du bâtiment, côté amphithéâtre, un volume de 100 m environ de longueur, 15 m de profondeur et 20 m de hauteur permettant de reculer la scène en version indoor. La jauge intérieure a été portée de 6 000 places « assis/debout » à 8 000. La réversibilité de la scène reste inchangée. Le principe d’une large ouverture sur l’amphithéâtre extérieur a été préservé grâce aux six nouvelles portes coulissantes identiques aux existantes. 

À l’intérieur du hall d’entrée, l’espace VIP a été agrandi et modernisé, notamment par l’ajout d’un second niveau ouvert sur le hall. C’est l’entreprise Waltefaugle Bâtiment qui est intervenue sur l’extension du Zénith sur la partie arrière du bâtiment qui représente un poids de charpente de quelque 440 t et 33 000 boulons. Ces derniers sont équipés d’un système spécifique anti-desserrement pour pallier les vibrations liées à la fréquence sonore des enceintes lors des concerts. Trois enjeux étaient au coeur du chantier : les délais, la conception-construction et les tolérances de pose et flèches admissibles sous les différents cas de charge. 

PROUESSE TECHNIQUE 

« Pour ce type de chantier, notre force repose sur un BET capable de réaliser des ouvrages complexes, atypiques, en tout cas, qui sortent de l’ordinaire, observe Julien Edde, directeur de Waltefaugle Bâtiment. Nous sommes habitués à travailler sur ces ouvrages, tous différents, qui nous obligent à nous remettre systématiquement en question. L’usine Waltefaugle est, en outre, parfaite pour la fabrication. » Le chantier démarre le 1er avril 2019 pour se terminer le 8 novembre, soit 32 semaines… avec 5 semaines d’avance ! Pendant la phase d’études, côté chiffres, 1 000 heures de plan et de modélisation en Bim, 500 heures de calculs et de modélisation 3D avec simulation des flèches suivant les différents cas de charge, afin de fiabiliser la synthèse et le jeu avec les portes mobiles monumentales, 6 600 heures de fabrication – les poutres-treillis ayant été assemblées complètement à blanc à l’atelier –, et neuf semaines de pose avec des levages. L’usage simultané de deux grues de 130 t aura été nécessaire pour réaliser le chantier tout en fluidité. Avec une portée de 70 m entre les poteaux et une tolérance fabrication et de pose de 20 mm entre les portes monumentales, le chantier a véritablement relevé de la prouesse. Sans oublier les 220 m linéaires de passerelles techniques sur le grill pour permettre la mise en place des éléments scéniques. Le grill peut désormais supporter 30 t de matériels sur l’extension, suspendus à 15 m de la scène. « Si nous avons réussi à tenir ce planning de pose très serré et la tolérance, c’est aussi parce que toutes les poutres-treillis – de 7 m de hauteur pour 2 x 35 m et 30 t par demi-poutre de 35 m – ont été assemblées complètement à blanc à l’atelier et en plein trou, souligne Julien Edde. Nous avons en fait contrepercé toutes les pièces trou pour trou. » Afin de garantir la pérennité de l’enveloppe du bâtiment pour les 25 prochaines années, la couverture constituée de panneaux en acier laqué et les bardages métalliques extérieurs ont été remplacés de même que les châssis vitrés du grand hall d’entrée. Le nouvel éclairage extérieur de l’édifice vient renforcer son identité visuelle et sa lisibilité de nuit. 

Maîtrise d’ouvrage : Adim Est
Architecte : Pierron Architecture
Entreprise générale : GTM-Hallé
Constructeur métallique : Waltefaugle Bâtiment (groupe Waltefaugle)
Photos et doc. : Waltefaugle Bâtiment 

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