CONCOURS ACIER 2022, PREMIER PRIX EX ÆQUO

Raviver la modernité

RÉHABILITATION DE LA TOUR 3M À CERGY-PONTOISE

Antoine Leriche, Ensa Paris-La Villette

Livrée entre 1976 et 1978, la tour 3M de l’architecte Paul Depondt a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise. Mais cette tour de bureaux emblé­matique, caractérisée par sa structure métallique en auto­patinable, a disparu de la skyline, détruite en 2021, pour laisser place à un nouveau quartier de 1 370 logements.

Le projet Raviver la modernité est le manifeste d’une architecture appréhendée comme une ressource riche en matière et en symboles qu’il convient aujourd’hui de réinvestir et de préserver comme une trace de l’histoire. Au sein de la tour, le socle est réinvesti par un équipement multi­fonctionnel (RDC + mezzanine) et des archives universitaires (R + 2), tandis que les étages courants accueillent désormais des logements en duplex (112 au maximum) jumelés à des espaces communs traversants et des locaux en second jour appropriables afin d’atténuer l’épaisseur de l’édifice.

Pour parvenir à cette mixité programmatique dans une démarche d’économie de moyens, plusieurs soustractions ont alors été opérées afin de permettre une nouvelle lecture des espaces et de faire du noyau le véritable point d’articulation du projet.

CONCOURS ACIER 2022, PREMIER PRIX EX ÆQUO

HABITER L’INFRASTRUCTURE, UNE VOIE VERS UNE VILLE PLUS RÉSILIENTE

RÉHABILITATION DE LA HALLE DES MESSAGERIES À PARIS

Camille Ouvrard, Ensa Marne-la-Vallée

Alliant écologie et patrimoine, le projet de la halle des messageries consiste en la réhabilitation de l’ancienne halle de tri postal de la gare Saint-Lazare, emblème de l’architecture industrielle. Le projet : tirer parti des qualités spatiales et structurelles du bâtiment existant et le conforter dans son rôle infrastructurel, en lien avec le réseau ferré qu’il surplombe ; en faire un lieu de vie ouvert sur la ville.

Habiter l’infrastructure, une voie vers une ville plus résiliente propose une alternative à l’obsolescence des bâtiments grâce à une structure originale en acier, respectueuse du bâtiment historique et adressée aux générations futures. Celle-ci est évolutive, capable de résister aux épreuves du temps sans pour autant définir les modes de vie de demain. Le projet mise sur les qualités structurelles de l’acier en imaginant une ossature suspendue à des portiques qui enjambent le bâtiment existant sans le dénaturer.

La structure principale en acier permet la création de vastes plateaux, supports d’usages multiples et évolutifs. Elle est complétée par une structure secondaire en bois, réversible, qui accueille les logements, pensés comme un espace d’appropriation et conçus de manière bioclimatique, afin de minimiser l’utilisation de systèmes énergétiques.

CONCOURS ACIER 2022, PREMIER PRIX EX ÆQUO

DES MASSES AUX MULTITUDES, UNE COMMUNAUTÉ DE TRAVAILLEURS DANS LA TOUR BRETAGNE

Louis Fiolleau, Ensa Nantes

Inaugurée en 1976, la tour Bretagne conçue par l’architecte Claude Devorsine devait être le symbole, pour la ville de Nantes, d’une compétitivité économique dynamique sur tout le territoire. Restée vide en raison notamment du coût élevé de ses loyers, la tour a logiquement fermé en 2020. Ses plateaux ont été vendus par la Ville à des promoteurs pour un désamiantage.

Le projet propose une alternative différente et politique face à cet abandon. Les vestiges de béton du passé et les poutres métalliques du présent s’entrechoquent pour accueillir une communauté autonome de 200 membres. Un réseau aux productions multiples se solidarise alors par une mise en commun radicale des moyens (organisation concertée de la production, répartition égale des richesses créées…). Les habitants de la tour deviennent copropriétaires de leurs espaces de travail, de leurs logements et de programmes collectifs : parlement, centre énergétique, plateforme logistique, unité agricole…

Ces espaces entrelacés viennent se loger aussi bien dans la tour et les abris souverains de sa greffe que dans le socle remanié et ses espaces typologiquement contraints. Ce projet s’emploie ainsi à détourner les conditions d’autonomie de la multitude dans un jeu d’équilibre – symbolisé par la structure – entre mobilité individuelle et ancrage collectif.

CONCOURS ACIER 2022, MENTION SPÉCIALE

LOFT 77

Doyen Choi et Sarah Fournier, Ensa Paris-Val-de-Seine

À la croisée du torrent et du nouveau pont San Giorgio de Renzo Piano à Gênes, l’ancienne usine sidérurgique Ansaldo Energia sert de socle à Loft 77 : culture, habitat, bureaux et nature cohabitent verticalement grâce à l’acier. Le projet repense l’habitat avec une mixité programmatique verticale dynamique : suspension, espace, luminosité et intégration au paysage contrent le zoning selon la logique du modèle de la ville productive et relancent l’attractivité du val Polcevera. Épurer pour être durable. Économie, écologie et légèreté guident toute la conception du projet.

La priorité était la création d’une structure légère, démontable et réemployable ; l’acier la rend possible. Construire sur l’existant. La large trame du bâtiment industriel existant permet l’élévation en acier, libère le sol pour offrir un nouveau paysage aux habitants de la vallée. Stratifier la ville.  Ses 77 m de hauteur dialoguent avec l’environnement, le pont de 45 m, l’ex-gazomètre de 70 m et la montagne de 145 m. Le programme mixte propose une grande halle culturelle pour des expositions temporaires. Jardins, restaurants, logements et bureaux s’enchevêtrent. Redimensionner l’habitat. Simplicité architecturale traversante et économie de matière grâce à l’élégance et la finesse de l’acier repensent la cellule familiale : 24 m de largeur, 4,5 m de hauteur par étage, apports lumineux revisités, réversibilité programmatique.

Une logique de rentabilité : six à sept logements pour un seul noyau de circulation ; et de nouvelles qualités spatiales pour les usagers : possibilité d’ajouter des pièces suspendues. Partager le paysage. Entre la halle et les logements, des jardins partagés flottent au milieu des poteaux à 40 m du sol. Environ 1 600 m2 de cultures hors sol et d’espaces d’échanges et de rencontres, une transition entre le sol et le paysage alentour.