BELAROÏA À MONTPELLIER

Gare au belvédère !

Le quartier de Montpellier Saint-Roch opère à son tour sa mue. Face à la gare récemment rénovée, le Belaroïa ouvre le feu. Fusionnant sous une mantille commune, ses deux hôtels (3 et 4 étoiles) se voient coiffés d’une étonnante visière habitée de logements et suites en belvédère sur la ville et ses environs. 

UN PROJET HYBRIDE 

Lancée en 2010, la première consultation concernait une parcelle trapézoïdale complexe adossée au mur de soutènement du pont de Sète franchissant les voies ferrées où réaliser une « opération à forte mixité programmatique » (à déterminer par les concurrents). Porté par Linkcity Sud- Est, Manuelle Gautrand et Bouygues Bâtiment Sud-Est, le projet hybride lauréat renonçait à la possibilité ouverte par Paul Chemetov – le pilote de la Zac – d’y ériger une tour de 50 m. Sur un socle investissant toute l’emprise, deux hôtels siamois engendraient un bâtiment en L de six niveaux couronné par quatre étages de bureaux partiellement en porte-à-faux, surplombant une sorte de vaste loggia urbaine côté gare. Le tout était habillé d’une double peau à la vêture extérieure en tôle d’aluminium laquée blanc alvéolaire. Deux recours abusifs ayant découragé le promoteur des bureaux, le théâtral couronnement a finalement été reconverti en douze appartements en accession et en quelques suites en duplex pour le 4 étoiles. 

PONT SUPÉRIEUR 

La partie aérienne de ces quatre derniers étages a été structurée comme le tablier tridimensionnel d’un pont d’une portée de 25 m pour une largeur de 16,30 m et sur 9 m de hauteur. Ses 80 tonnes d’acier ont dû être assemblées à 21 m du sol. 

L’utilisation d’une poutre-treillis classique n’ayant pas résisté à la torsion, 72 poutrelles reprises entre elles constituent trois poutres Warren, légèrement infléchies en plan, hautes de trois niveaux, parallèles mais de portées différentes. Des croix de Saint-André contreventent ponctuellement le solivage du plancher du niveau inférieur. Les dalles béton ont été ensuite coulées sur des bacs acier. 

« Sur la paroi nord-est, les éléments de charpente ont été fixés à un insert repris dans le plancher en béton armé par une rotule. Sur la paroi sud-ouest, les poutrelles du bas s’encastrent dans une niche sur 72 cm de profondeur, avec une dilatation possible de 10 cm. Le déplacement perpendiculaire a été bloqué par des appuis verticaux », satisfaisant ainsi à la réglementation parasismique de la zone classée à risques faibles. « La stabilité de l’ensemble est enfin renforcée par la dalle de béton de la toiture. » L’implantation de généreux balcons, loggias et terrasses en rives en a considérablement réduit les charges périmétriques. 

Les occupants de ces appartements en lévitation – dont quelques-uns ont laissé apparents certains éléments structurels (façon loft) – embrassent dorénavant avec délectation le grand paysage ! 

Maître d’ouvrage promoteur : Linkcity
Architecte : Manuelle Gautrand Architecture 

La terrasse nichée au creux de replis de l’immeuble. ©Julien Thomazo
Un projet à usage mixte comptant deux hôtels, des appartements, une brasserie, un SPA et un parking. ©Luc Boegly
Un bâtiment-pont pensé comme un lieu de vie accessible à tous. ©Luc Boegly
La structure du bâtiment-pont. Doc. : Manuelle Gautrand
Le bijou architectural inscrit sa signature dans le paysage montpelliérain. ©Luc Boegly
©Luc Boegly
©Julien Thomazo
©Julien Thomazo
©Julien Thomazo
©Luc Boegly
©Julien Thomazo
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