TOURS PLEYEL ET MAESTRO À SAINT-DENIS
Un duo en mode high-tech
L’immeuble de grande hauteur Maestro, bâti en 2024 à Saint-Denis – à proximité de l’emblématique tour Pleyel, elle-même restructurée de fond en comble – fait figure de réelle prouesse architecturale et technique. Conçu par l’architecte Sretchko Markovic, cet opus de 27 étages affiche un principe structurel innovant avec son exosquelette spectaculaire qui, assemblant losanges et triangles en métal, a été entièrement réalisé en acier.
RENAISSANCE DE LA TOUR PLEYEL
Située au Carrefour Pleyel et à l’emplacement de la manufacture de pianos éponyme à Saint-Denis, la tour Pleyel a été bâtie entre 1969 et 1973 par les architectes Bernard Favatier et Pierre Hérault. Cet IGH (immeuble à grande hauteur) iconique – restructuré en profondeur depuis 2016 par l’architecte Sretchko Markovic, de l’agence 163 Ateliers – a été reconverti en un programme mixte alliant un hôtel 4 étoiles de 697 chambres à des espaces de restauration, un bar, une salle de spectacle et une piscine panoramique située au 40e étage, à 130 m de haut. Si l’immeuble tertiaire Music Hall (en forme de U) enserre le bas de la tour, une autre tour (Maestro) a été érigée à proximité, avec un socle commun offrant un espace multifonction modulable. La tour Pleyel a été curée, désamiantée et déplombée, et son ossature béton désossée, puis surélevée de trois étages, à l’aide d’une charpente acier préfabriquée en portiques, posée par l’entreprise SMB. Au niveau 41 du toit-terrasse, la structure acier (en IPE 140 et 160) est suspendue sous les traverses de l’exostructure acier. Si la charpente acier visible est revêtue d’une peinture intumescente (CF 2 h), les éléments d’acier intérieurs visibles sont floqués. Les poteaux béton des quatre façades, espacés de 1,35 m, ont été dégagés de leur parement en acier autopatinable corrodé et capoté de blocs d’aluminium blanc.
EXOSQUELETTE MONUMENTAL EN ACIER
Quant à la fine tour tertiaire Maestro, de 27 étages (21 m de large, 57,5 m de long et 123 m de haut), elle a été construite entièrement en acier, avec un noyau de circulations verticales bâti en béton. S’inspirant des motifs en losanges des grilles en métal Gantois, sa charpente métallique de 2 600 tonnes comporte un exosquelette monumental qui, emballant la tour sur ses quatre faces, jusqu’au niveau 26, lui forge son identité. Cette mégarésille, autostable et porteuse, formée de losanges et de triangles, reprend 70 % des charges de l’édifice pour les transférer sur les quatre poteaux d’angle. Elle compte d’épais caissons carrés en profilés reconstitués soudés (PRS) de 800 mm de côté qui composent des poteaux de 13 m de long et des diagonales de 7 et 15 m de long, reliés par des nœuds en forme de X ou de K, de 3 à 4,50 m d’envergure. Ces derniers sont liaisonnés entre eux par des poutres de 25 tonnes traversant l’ouvrage sur sa largeur. La structure repose en outre sur des fondations spéciales solidaires de la charpente et constituées de 108 pieux de 80 à 120 cm de diamètre et de 30 m de profondeur. Le principe structurel innovant consiste à superposer trois « blocs » de planchers portés par des traverses liaisonnant les nœuds de l’exosquelette, les planchers qui viennent d’être construits portant provisoirement la maille supplémentaire de l’exosquelette, lequel divise l’ensemble en quatre blocs de six niveaux chacun, suspendus à la structure.
- Maîtrise d’ouvrage : Pleyel Investissement, Financière des Quatre Rives (FQR) – Groupe Liberg (AMO)
- Maîtrise d’œuvre : Architecte Sretchko Markovic/163 Ateliers, Pangréa Design et Ingénierie (MOEX)
- BET structure : RBS-MED
- BET charpente métallique : Jaillet-Rouby
- BET façades : Arcora
- Entreprise de charpente métallique : SMB
