Technicentre de Val-Notre-Dame à Argenteuil

L’acier prélaqué au service d’un équipement ferroviaire nouvelle génération

Mis en service en février 2025, le technicentre SNCF Val-Notre-Dame marque une étape essentielle dans la requalification du secteur et vient répondre à l’évolution des besoins en maintenance des rames SNCF circulant sur la ligne J, et en particulier les rames Z 50000 de nouvelle génération. Conçu par drlw Architectes, ce site industriel de 19 000 m² s’appuie largement sur la mise en œuvre du métal pour répondre aux exigences d’exploitation ferroviaire, d’intégration urbaine et de performance environnementale.

Un équipement structurant pour le territoire

Dans le cadre de la requalification du secteur Val-Notre-Dame à Argenteuil, le nouveau technicentre SNCF constitue l’un des chantiers d’infrastructures les plus importants de la décennie.
Situé à proximité de la gare d’Argenteuil et au cœur de la zone industrielle du Val d’Argent Sud, le technicentre, inscrit dans un foncier de 40 000 m², constitue désormais le cœur de la maintenance des rames de la ligne J du Transilien. Il regroupe un atelier principal organisé autour de trois voies de 120 m, un bâtiment pour le tour en fosse, un espace dédié aux réparations lourdes, un atelier de nettoyage et plusieurs voies de service reliées au réseau ferré national. L’ensemble s’insère dans la deuxième phase d’un vaste programme de requalification urbaine du site de maintenance. Au-delà de sa fonction opérationnelle, le technicentre constitue un jalon important de la politique locale de transition écologique combinant toitures végétalisées, panneaux photovoltaïques et optimisation énergétique.

Un bâtiment lisible, intégré et identifiable

Imposant, le technicentre s’inscrit dans le paysage grâce à une fragmentation maîtrisée des volumes et à la diversité des textures métalliques. Les variations de teintes, les jeux de résilles et le recours ponctuel au bois contribuent à adoucir la silhouette de l’édifice. L’ensemble renvoie l’image d’un outil industriel contemporain, fonctionnel et cohérent avec les objectifs de transformation du secteur Val-Notre-Dame. La composition des façades et l’architecture des bâtiments sont destinées à valoriser l’apport de lumière naturelle aux différents postes de travail, et ce, sur tout le linéaire. Des lanterneaux et sheds filants en toiture s’associent aux façades revêtues d’un bardage métallique plein, doublé d’une résille semi-transparente perforée et de teinte dorée. Cette seconde peau assure le rôle de filtre solaire, apporte confort thermique et pérennité à l’enveloppe. Dans le même temps, sa texture plissée accroche la lumière, anime les volumes et porte l’identité du projet.

La composition des façades et l’architecture des bâtiments sont destinées à valoriser l’apport de lumière naturelle aux différents postes de travail, et ce, sur tout le linéaire.

Une enveloppe métallique durable et performante

L’enveloppe du bâtiment repose sur des solutions acier : panneaux sandwich en toiture et façade, profils trapézoïdaux, lames de bardage. Pour ce projet, ArcelorMittal a fourni plusieurs gammes de produits – Trapeza®, Hacierba®, Hacierco®, Hairplus®, Solexcel® – pour la couverture et le bardage. Ces produits combinent isolation intégrée, finition durable avec traitements de surface, et intégration esthétique. Les panneaux sandwich limitent les ponts thermiques tout en assurant l’étanchéité. Les revêtements (galvanisation, laques spécialisées) protègent l’acier des atmosphères polluées et des particules ferroviaires, garantissant la longévité de l’ouvrage. Les interfaces béton-acier, notamment au droit des fosses d’inspection et des massifs d’ancrage, ont fait l’objet d’un soin particulier : platines, ancrages haute performance et dispositifs pour absorber les dilatations et vibrations. De quoi garantir la pérennité du bâtiment dans un contexte d’exploitation intensif.

Préfabrication et efficacité de chantier

La préfabrication des composants (poutres, portiques, profilés de façade) en atelier a permis un contrôle qualité strict et une réduction des incertitudes sur site. Cette approche s’avère précieuse pour un projet où les marges de tolérance sont faibles du fait de la présence des rails. Les assemblages vissés ou boulonnés réduisent les interventions sur site et accélèrent le montage, contribuant au respect de plannings serrés et limitant l’impact du chantier en milieu urbain dense.
La flexibilité de l’acier autorise par ailleurs des ajustements en cours de chantier sans lourds retravaux, notamment aux interfaces critiques entre structure métallique et équipements ferroviaires. La maîtrise d’œuvre a opté pour une approche BIM (modélisation numérique) niveau 2 afin de coordonner l’ensemble des lots et limiter les erreurs. Cette rigueur de modélisation anticipe les conflits entre la structure métallique, les conduits, les réseaux électriques ou de ventilation.

Photo : DR

Jean-Marc Lesage
Architecte cofondateur de l’agence drlw
« Conjuguer qualité environnementale, architecturale et performance de l’outil industriel »

L’opération s’est déroulée en deux phases et deux marchés distincts, amenant deux architectures à se « parler ». La première phase (entreprise générale) a livré un bâtiment de remisage réalisé par l’agence Exploration Architecture. En association avec le bureau d’études techniques (BET) OTE via un appel d’offres SNCF, nous avons remporté la deuxième phase qui a été livrée en 2024 avec une mise en service prévue en 2025. Il faut savoir que la SNCF privilégie des projets innovants combinant qualité environnementale et architecturale avec performance de l’outil industriel. À Argenteuil, notre intention était de démontrer qu’un bâtiment industriel peut rehausser le paysage urbain, notamment au contact du quartier résidentiel au sud, en offrant une image soignée et un repère esthétique. Dans un technicentre, le confort des équipes qui travaillent en 3 x 8 est central, qu’il s’agisse de l’acoustique, de la thermique, de l’ergonomie et de la lumière naturelle. Les espaces doivent être très qualitatifs, en rupture avec l’image d’ateliers vétustes. L’enveloppe a ainsi été pensée en lien avec l’environnement. La conception de l’atelier principal de 30 m de large est exceptionnelle puisqu’il est dépourvu de poteaux intérieurs, grâce à une charpente métallique optimisée, offrant flexibilité d’usage aujourd’hui et demain. Les « baignoires » (demi-sous-sols d’atelier) suspendues représentent une prouesse à grande échelle. Elles viennent améliorer la qualité acoustique et l’ambiance de travail, et rappellent ainsi les standards des hangars d’aviation. Les agents ont désormais toute latitude et liberté de travailler aujourd’hui comme ils le souhaitent mais aussi dans deux ans, et même dans 10 ans.

Maître d’ouvrage : SNCF
Architecte : drlw Architectes
Bureau d’études : OTE Ingénierie (BET TCE mandataire)
Photos : Guillaume Guérin