REVALORISATION DE FORT L’ÉCLUSE
À LÉAZ (AIN)

Temps fort !

Aux confins du pays de Gex, accroché à flanc de montagne et juché à quelque 430 m d’altitude, Fort l’Écluse, véritable joyau de la fortification, constitue un atout patrimonial majeur pour la région. Vestige de plusieurs siècles d’architecture militaire, cette sentinelle de pierre a fait l’objet d’une revalorisation touristique tout en finesse et en résonance avec le lieu. Au point qu’arrivés au fort, rares sont les visiteurs à pouvoir remarquer l’intervention contemporaine des architectes d’atelierpng architecture. 

Tours, tourelles de guets, échauguettes, meurtrières, casemates… à flanc de colline pour mieux voir arriver l’adversaire, la forteresse déploie tout un arsenal d’architecture militaire constitué au fil de l’Histoire. Agrandi à partir du 17e siècle, l’ancien « mur de César », renforcé au 18e siècle par les ingénieurs du génie formés aux théories de Vauban, successivement détruit puis reconstruit au gré de périodes de guerre et de paix, se situe sur une triple frontière dominant la gorge du Pas de la Cluse et offre un paysage d’exception sur les rives du Rhône, les massifs de l’Ain et ceux de Haute-Savoie. Ce joyau exceptionnel a fait l’objet, dès 2012, d’une opération de revalorisation touristique conçue par atelierpng architecture. 

CONÇUS POUR DURER 

Revendiquant un authentique désir d’innocuité, le trio d’architectes a d’emblée misé sur l’efficacité et la fonctionnalité en jouant sur la matérialité du projet. La première intervention a porté sur la requalification des espaces d’accueil situés au rez-de-chaussée d’une des casemates. Pour résister aux conditions climatiques particulièrement rigoureuses dans la région, les architectes ont choisi d’habiller l’espace d’accueil de 140 m² d’éléments en acier. Dessinés pour résister, ceux-ci ont donc été conçus pour apporter un peu de confort dans un lieu qui, à l’origine, n’était pas forcément prévu pour… Composé d’une ossature en acier galvanisé façonnée en atelier, le meuble d’accueil vient ainsi épouser la géométrie des voûtes. Pour pallier l’humidité et les infiltrations d’eau fréquentes sur les parois côté montagne, sa face extérieure est revêtue d’un film d’étanchéité qui conduit l’eau s’écoulant de la roche vers les cunettes. 

ACIER, PIERRE ET ATMOSPHÈRE 

Sur mesure, les meubles et les menuiseries extérieures ont été réalisés en profilés acier également. Les parements en acier galvanisé, perforé au laser, puis posé sur un absorbant phonique noir, assurent le confort acoustique des salles, tandis que l’inox habille l’intérieur des meubles ainsi que les plans de travail. La casemate, elle aussi constituée de mobilier en acier, abrite un restaurant dont l’éclairage met particulièrement en valeur l’architecture de pierre et ses voûtes. Apparents et suspendus ou encore intégrés aux meubles, luminaires en acier galvanisé et réflecteurs en tôle pliée procurent au lieu un éclairage indirect qui révèle aux visiteurs les aspérités de la roche. Autant de petites interventions ponctuelles qui apportent un peu d’aménité à l’architecture militaire du fort. 

CHANTIER SEC ET PRÉFABRICATION 

L’intervention la plus visible concerne la nouvelle circulation verticale du fort. L’étude d’impact visuel a ainsi nourri de grands débats avec les élus. Comment le résultat de l’opération sera-t-il perçu à plus ou moins longue distance ? Cet acte contemporain doit-il être ostensible ou, au contraire, se fondre dans le site ? Pour favoriser l’accessibilité à la salle d’exposition permanente du fort, la création de la cage d’ascenseur au droit du bâtiment culminant à 18 m de hauteur a nécessité des trésors d’ingéniosité. Ce sont tout naturellement le montage à sec et la préfabrication qui ont été privilégiés pour ce chantier aux conditions particulières. Les découpes et déposes nécessaires à l’installation de la charpente métallique ont été réalisées dans une logique

de parcimonie et d’économie de moyens. Les accès étant impossibles pour les engins à l’intérieur de la cour intérieure, les approvisionnements ont donc été gérés avec une grue à tour, puis travail à l’avancement avec échafaudage. La cage d’ascenseur a ensuite été parée d’un habillage en gabions, une évidence pour les architectes. 

L’ÉVIDENCE DU GABION 

Intimement lié à l’architecture militaire, le gabion a été choisi pour son lien matériel indéfectible avec Fort l’Écluse, construit à même la roche du Jura. Dans une logique vertueuse de recyclage, les cages d’acier galvanisé ont été remplies exclusivement avec les produits des démolitions liées à l’intervention. Les pierres issues des déposes ont ainsi été triées et concassées manuellement afin d’obtenir la matière du projet. Deux murs fins de gabions, intégrant des meurtrières qui offrent des vues sur l’environnement paysager et militaire, ont ainsi été comblés sur place. Le même principe de préfabrication et de montage à sec a été utilisé pour la réalisation des planchers : des cadres en acier galvanisé remplis par du pavement de sol. 

Maîtrise d’ouvrage : Pays de Gex Agglo
Architectes : atelierpng
Photos et doc. : atelierpng 

Un fort reconstruit sur lui-même.
La cage des circulations verticales en gabion.
Le gabion choisi pour ce lien indéfectible avec le fort.
Depuis le fort, la vue sur le Rhône et les massifs de l’Ain.
L’espace d’accueil en mobilier galvanisé.
La nouvelle circulation verticale.
Le passage entre deux espaces voûtés.
L’étage supérieur de la circulation verticale.
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