RECONVERSION CITÉ LATÉCOÈRE À TOULOUSE

Les startups décollent des halles Latécoère

Inscrites à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1997, les trois halles de la mythique entreprise aéronautique toulousaine Latécoère poursuivent leur épopée en matière d’innovation en abritant dorénavant la « cité des startups » portée par la Région Occitanie. Une belle occasion pour Pierre-Louis Taillandier de valoriser ce patrimoine industriel pour l’inscrire dans l’aventure du digital.

Coupe longitudinale
Coupe transversale
Élévation Sud
Élévation nord
Élévation Est - Doc. : TAA

PATRIMOINE ET INNOVATION

En 1906, Pierre-Georges Latécoère repositionne l’entreprise de menuiserie familiale dans la fabrication de matériel roulant pour les tramways et chemins de fer. Dix ans plus tard, il contribue à l’effort de guerre en faisant construire deux usines à Toulouse où produire des obus et des cellules d’avion. Y ayant produit 800 aéroplanes en deux ans, il est à l’origine de la vocation aéronautique de la Ville Rose.
À l’armistice, il imagine une ligne aérienne de fret et de courrier entre la France et le Sénégal et entre Toulouse et Barcelone, dont il élargira, la décennie suivante, les destinations à l’Amérique du Sud avec le concours de prestigieux pilotes, tels Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry.
Vendue en 1927, la compagnie prendra pour nom « l’Aéro­postale », elle-même revendue en 1933 à l’État via Air France. L’activité aéronautique sera quant à elle rachetée en 1940 par Louis Breguet. Construites entre 1917 et 1918, les trois halles mitoyennes Latécoère de Montaudran – 120 x 26 m, soit 3 082 m2 chacune – furent partiellement détruites lors du bombardement des Alliés du 6 avril 1944. Seule la structure originelle en acier de la halle centrale survécut, celles des deux autres furent reprises en béton tout en conservant leur profil cintré pour y abriter la construction des bombardiers Breguet, avant d’être exploitées en entrepôts jusqu’en 1990 par Air France puis UTL…

REQUALIFICATION ARCHITECTURALE ET FONCTIONNELLE

La « cité des startups » développe désormais sur 13 954 m2 des espaces de coworking, un « Fab lab », des salles de réunion, une salle de conférence de 200 places, un restaurant et un hall évènementiel doté d’un jardin tropical. Investissant la nef centrale, ce dernier permet de conserver la perception intégrale de sa spectaculaire charpente métallique originelle dont la couverture a été entièrement refaite à l’identique (rénovation des lanterneaux et du voligeage, isolation thermique et acoustique, repose des tuiles). Le reste du programme a été déployé dans les deux halles latérales – après confortation de leur structure béton – dotées d’un étage sur ossature à poteau-poutre bois avec partition en CLT ou parois vitrées suivant la trame d’origine de 5 x 5 m. D’après les photos d’archives, les façades transversales étaient décrites comme des éléments d’apparat reprenant un principe d’ouverture voûté en triptyque sur chacune des nefs, hélas, largement dénaturées avec le temps. En accord avec la direction régionale des affaires culturelles, Pierre-Louis Taillandier a réinterprété les principales (nord-est) par le biais de lames verticales métalliques torsadées, telles des hélices, la position de la vrille redessinant subtilement les anciennes voûtes. Les portes d’entrée ont été reculées afin de créer un généreux sas abrité. Celles qui sont opposées au sud-ouest reprennent ce principe, mais avec l’ajout de lames horizontales en pare-soleil que devancent les poteaux de l’auvent en béton de l’ancien quai de déchargement (côté voie ferrée), partiellement mis à nu. L’accès latéral ménagé (sud-est) est monumentalisé par une marquise formée par le retournement horizontal des brise-soleil.

[Avec une emprise de plus de 9 000 m², le projet comprend les trois halles historiques des usines Latécoère.
Un tiers-lieu dédié à l’innovation collaborative et durable.
Le hall conserve la perception intégrale de sa spectaculaire charpente métallique.
Les nouvelles façades transversales des halles reprennent le principe de façade légère.
Les lames verticales torsadées laissent deviner, par la position de la vrille, l’impression donnée par les anciennes voûtes.
Au sud, les quais sont conservés, offrant une vaste terrasse pour les utilisateurs.
  • Maître d’ouvrage : Région Occitanie
  • Architecte : Taillandier Architectes Associés
  • BET Structure : Betem
  • Photos : Roland Halbe
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