11ème TROPHÉES DES EIFFEL DE L’ARCHITECTURE
LAURÉAT CATÉGORIE APPRENDRE
RÉHABILITATION PARTIELLE DE L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE ET DE PAYSAGE DE LILLE

À Villeneuve-d’Ascq, l’École d’architecture et de paysage engage une réhabilitation partielle guidée par une double ambition : valoriser son architecture moderniste et améliorer durablement ses performances environnementales. Le projet s’appuie sur la trame poteaux-poutres 4,5 x 4,5 m pour libérer les volumes et offrir une nouvelle respiration à l’ensemble.
Deux atriums bioclimatiques en verre, implantés sur le hall d’entrée et l’ancien patio couvert, créent de nouveaux espaces de vie baignés de lumière naturelle. Évasés vers le ciel, ils s’étendent jusqu’aux toitures-terrasses existantes, jusque-là inaccessibles, et offrent des vues ouvertes sur le paysage arboré et sur la façade en béton noir de l’extension réalisée par Nasrine Seraji.
L’intervention redonne aux façades leur caractère brut et minéral, en remplaçant les bardages isolants des années 1990. L’acier, utilisé pour les nouveaux châssis et structures, se révèle ici un allié discret mais essentiel, conjuguant finesse esthétique, performance et réversibilité.
Pensé pour un site occupé, le chantier s’accompagne d’une analyse fine de l’existant et d’un phasage maîtrisé. Chaque action est évaluée selon son impact énergétique, architectural et fonctionnel. Le R+1 bénéficie d’un nouvel accès vers l’atrium, d’un escalier de liaison avec le rez-de-chaussée, et d’un espace tempéré mis à disposition des étudiants, renforcé structurellement. Par touches précises et sensibles, cette réhabilitation fait dialoguer architecture, technique et vivant. L’acier y joue un rôle essentiel : matériau de transition, il permet de repenser sans effacer, d’ouvrir sans dénaturer, de construire l’avenir dans le respect du passé.



- Maîtrise d’ouvrage : Communauté urbaine Creusot-Montceau (mandataire : SPLAAD)
- Architecte : Atelier Novembre
- Bureau d’études : CET Ingénierie
- Constructeur métallique : Scop Cabrol
- Métallier : Alkimia
- Photos : Takuji Shimmura / atelier Novembre
LAURÉAT CATÉGORIE DIVERTIR
MÉDIATHÈQUE L’OISEAU LIRE

La médiathèque se situe en frange du village le long de la RN. Dans ce contexte ambigu, totem, parking, parvis et vitrine attirent le chaland vers la culture en libre-service dans une station-service publique. Elle emprunte au type la charpente métallique efficace, le blanc, l’économie de moyens, le mutisme : une couverture carrée abritant un plan vide qui accueille le paysage changeant des collections et des usagers qui les pratiquent. Elle emprunte aussi au modèle commercial sa signalétique hypertrophique et pop : une marquise cylindrique et une maisonnette en verre qui désignent l’accès, un auvent circulaire qui abrite le préau de la cour d’école limitrophe. L’usage de l’acier est d’abord contextuel, issu directement du modèle culturel qui a inspiré le projet en réponse à son environnement. Il se décline dans cette même logique en structure (portiques et contreventement, marquise en porte-à-faux), enveloppe (plateau de bardage et bac support d’étanchéité perforés, menuiserie), bardage extérieur (petite onde), partitions intérieures modulaires (panneaux coulissants), signalétique (totem et lettrage). L’acier assure donc à la fois stabilité, finesse, économie, rapidité, confort thermique et acoustique, visibilité, ambiance, flexibilité.
Le bâtiment superpose géométrie de haute précision, permissivité de hangar et imaginaire de feuilleton. Sa charpente en profilé tubulaire dessine un objet à la fois technique et enfantin, simple et complexe, utile et beau.

- Maîtrise d’ouvrage : Commune de Velaines
- Architecte : Gens
- Bureau d’études : Chaumont
- Constructeur métallique : Fourcade
- Métallier : APB
- Photos : Ludmilla Cerveny
LAURÉAT CATÉGORIE DYNAMIQUE
COUVERTURE DU COURT SUZANNE-LENGLEN, ROLAND-GARROS

Le court Suzanne-Lenglen, construit en 1994, est un haut lieu du tournoi de Roland-Garros avec ses gradins courbes en béton. Depuis début 2024, une nouvelle toiture mobile couvre l’ensemble du stade, franchissant court et tribunes existantes sans les toucher. Elle comprend une partie rétractable en toile et une partie fixe intégrant tous les équipements nécessaires à son déploiement.
La partie mobile, composée d’une membrane et câbles tendus, couvre plus de 4 200 m² sans aucun élément de structure rigide. Cette légèreté est atteinte grâce à la résistance de la structure fixe en périphérie : une charpente métallique reposant sur quatre palées contreventées. Les poutres principales nord-sud, portant près de 100 m, sont formées de treillis tridimensionnels en profils acier ouverts. Cette superstructure, d’environ 1 000 tonnes, a été assemblée au sol, puis ripée en position finale au-dessus des tribunes en porte-à-faux. L’empreinte carbone du projet a été minimisée par le recours systématique aux acier recyclés, et la traçabilité poussée jusqu’aux usines sidérurgiques spécifiques. Le nouvel ouvrage est relié à l’existant par une maille métallique poreuse adoucissant les effets du vent et de la pluie tout en conservant un classement ERP de plein air. Le projet est entièrement visible du public, la technique forme architecture. Charpente, mécanismes et toile sont dessinés, assumés et peuvent être contemplés en fonctionnement par l’ensemble des spectateurs.



- Maîtrise d’ouvrage : Fédération française de tennis
- Architecte : Dominique Perrault Architecture
- Bureau d’études : T/E/S/S Atelier d’Ingénierie
- Constructeur métallique : Renaudat Centre Construction
- Photos : Dominique Perrault Architecte
LAURÉAT CATÉGORIE FRANCHIR
PASSERELLE DANIEL COLLIARD

La passerelle mobile Daniel Colliard franchit le bassin Paul Vatine, situé dans le quartier des docks, au Havre. En position fermée, elle crée un accès piéton direct vers les nouveaux aménagements des docks. En position ouverte, elle ouvre la circulation aux navires, en particulier les voiliers de la Transat Café L’Or (nouveau nom de la Transat Jacques Vabre). Les éléments fixes se transforment alors en belvédère, offrant aux usagers des vues privilégiées sur les voiliers. Le système mobile, unique au monde, est constitué de deux éléments distincts : le premier tablier (ou tiroir) se déplace horizontalement pour franchir la passe de 25 m ; le deuxième tablier (ou plateau) monte verticalement pour remplacer le tiroir lorsque celui-ci ferme la passe. Les éléments mobiles s’intègrent dans le tablier pour ne laisser visible qu’un trait fin sur le bassin, sans aucune superstructure. L’ouvrage disparaît ainsi dans le paysage horizontal et minéral du bassin Paul Vatine. L’extrême compacité des éléments structurels et mécaniques n’a été rendue possible que par l’utilisation systématique de l’acier. En particulier, les tabliers mobiles, les galets et les rails de roulement, ainsi que les poutres latérales enveloppes ont impliqué des nuances d’acier à très hautes performances. La précision requise pour les éléments mécaniques de roulement, proche de l’horlogerie, a nécessité d’abaisser les tolérances de fabrication de la charpente métallique, bien au-delà des exigences requises pour un ouvrage d’art classique.



- Maîtrise d’ouvrage : Le Havre Seine Métropole
- Architecte : DVVD Architectes
- Bureau d’études : DVVD Ingénieurs
- Constructeur métallique : ACML
- Photos : Nicolas Grosmond
LAURÉAT CATÉGORIE RÉEMPLOI
PASSERELLE LUCIE-BRÉARD

Le franchissement s’inscrit dans la mise en accessibilité du Stade de France pour les Jeux de Paris 2024 et dans les aménagements du canal Saint-Denis. Plutôt que de démolir deux ouvrages – le pont mobile et la passerelle non accessible –, nous avons opté pour une démarche vertueuse : réemployer le tablier du pont mobile et une partie de ses fondations. Cette solution réduit l’impact environnemental et limite les déchets de démolition. L’absence d’ascenseurs impose de longues rampes dont l’insertion urbaine et paysagère constitue un enjeu majeur. Ce type d’ouvrage, souvent perçu comme un obstacle, a ici été conçu avec soin pour préserver les perspectives et les usages. Le projet conjugue les contraintes du gabarit fluvial et de la présence d’un émissaire, avec l’opportunité d’un tablier existant réemployé aux dimensions avantageuses, difficilement envisageables sur un ouvrage neuf. La passerelle n’est pas pensée comme un geste architectural, mais comme une promenade d’une rive à l’autre, un dispositif qui active le paysage urbain. Les rampes reçoivent le même soin architectural que le franchissement lui-même. Le garde-corps en applique assure une cohérence visuelle entre l’existant et les ajouts. Ce projet incarne une approche durable, respectueuse des contraintes techniques et de l’histoire du site, et vise à faire de ce franchissement un symbole d’engagement écologique et de résilience urbaine.



- Maîtrise d’ouvrage : Plaine Commune
- Architecte : Explorations Architecture
- Bureau d’études : Schlaich Bergermann & Partner
- Constructeur métallique : Eiffage Métal
- Photos : Michel Denancé – ConstruirAcier
LAURÉAT CATÉGORIE RÉHABILITATION
COMPLEXE SPORTIF MARIE PARADIS

Ce projet est né de l’envie d’une cabane au fond du jardin pour la pratique du yoga et de la méditation. Inspiré de l’architecture japonaise pour son calepinage sur la trame des tatamis, son rapport à l’extérieur et sa luminosité, ce pavillon conduit au repos et à la contemplation. La structure métallique surélève le bâtiment et le travail des terrasses en strates sur l’avant crée un effet de lévitation. La coursive sur la périphérie du pavillon forme un premier espace dedans/dehors. Les deux façades principales sont entièrement vitrées afin d’ouvrir sur le paysage par le biais de cette coursive. Sur l’extérieur, le travail des volets persiennes en bois et métal filtre à volonté les vues, assure la préservation de l’intimité en journée et fait office de lanterne en fin de journée lorsque l’intérieur du pavillon se met en lumière. Enfin, grâce à un travail sur les toitures cette cabane est raccordée à la maison existante, un toit en pente carré surplombe une autre toiture terrasse donnant ainsi une volumétrie marquée au pavillon.
- Maîtrise d’ouvrage : Commune de Neuville-sur-Saône
- Architectes : Bureau FaceB, Looking For Architecture
- Bureau d’études : Bollinger + Grohmann
- Constructeur métallique : METALYFER
- Photos : Vladimir de Mollerat du Jeu
LAURÉAT CATÉGORIE TRAVAILLER
HUB&GO – TECHNOPOLE SUD-BOURGOGNE

À proximité du Centre universitaire Condorcet, de l’IUT et du site industriel du Creusot, le Technopôle Sud-Bourgogne prend place dans le bâtiment historique d’un ancien lycée construit en 1911. Cet équipement est voué à créer un écosystème start-up/enseignement supérieur pour favoriser la création d’emplois et d’activités nouvelles dans la région. Voulu majeur et accueillant, ce site technopolitain jouit d’une position privilégiée et d’un accès central. Cependant, la topographie du terrain – avec son dénivelé de 3,5 m entre l’entrée principale et l’arrière du bâtiment – a déterminé l’aménagement de deux niveaux d’accès avec la gestion des flux afférente, et encouragé par ailleurs la création d’un volume en atrium (l’extension) qui permette de lier physiquement autant que visuellement ces niveaux RDC et rez-de-jardin.
Le statut de cet équipement, dédié à l’accompagnement de projets innovants, doit ainsi être clairement exprimé à travers une image contemporaine et dynamique, tout en s’insérant harmonieusement dans son contexte. L’inscription de l’extension – structure de grands portiques métalliques habillés de murs rideaux vitrés – et son interrelation avec l’ancien lycée constituent en effet un enjeu majeur pour la conception d’une « vitrine de l’innovation » de la Communauté urbaine Creusot-Montceau. Le projet s’appuie sur les éléments remarquables du site, dont l’ancien lycée et le grand paysage. Il développe un large parvis au sud tourné vers la ville, que souligne l’apparence monumentale du bâtiment existant, tandis que le volume de l’extension s’ouvre largement au nord, vers le paysage de Vallon et le campus. Dans l’entre-deux ainsi créé, le projet développe un grand espace central mutualisé innervant l’ensemble des locaux et devenant un point de passage obligé. La structure est particulièrement mise en valeur dans cet atrium, notamment par la présence de passerelles, d’un escalier métallique suspendu, de la répétition des croix de Saint-André déployées en façade… Cette structure métallique de l’extension permet d’établir ainsi un dialogue fécond entre patrimoine et modernité, de même qu’elle exprime une architecture du lien : comme un symbole de la vocation de cet équipement, qui se veut propice à édifier des ponts entre les acteurs et les disciplines pour tendre vers l’innovation.


- Maîtrise d’ouvrage : Groupe Chessé – SNC Île Sauvage
- Architecte : DLW Architectes
- Bureau d’études : ECTS
- Constructeur métallique : Massé Charpente Serrurerie
- Métallier : Girard Hervouet
- Crédits photo : Stéphane Chalmeau – DR
LAURÉAT CATÉGORIE COUP DE COEUR
SERRE GÉODÉSIQUE BIOCLIMATIQUE À LA SALINE ROYALE D’ARC-ET-SENANS

Le projet consistait à construire une serre en pierre-
métal-verre au cœur du monument Unesco pour produire nos propres plants de légumes en circuit court, étendre la période de production, et la diversifier au profit d’une alimentation saine et durable pour les groupes scolaires qui se restaurent à la Saline royale. Les principes du bioclimatisme ont ici été appliqués pour favoriser l’ensoleillement, l’accumulation de chaleur, l’inertie thermique et l’usage cyclique de l’eau. Afin de renforcer la capacité d’adaptation face au dérèglement climatique, une structure en forme de zome (résistance aux vents violents, répartition équilibrée de la lumière pour les végétaux) a été construite, inspirée de l’héritage de l’architecte de la Saline royale au xviiie siècle, Claude-Nicolas Ledoux.
L’acier forme l’ossature de la coupole par le biais de losanges soudés sur des sphères et regroupés par spirales successives sur un « berceau » (une contreforme préparée au sol de l’atelier et reprenant les positions tridimensionnelles exactes des sphères). Ce mode d’assemblage – une prouesse constructive, puisque les zomes sont généralement structurés en bois et assemblés losange par losange – a permis de dresser la coupole par la solidarisation de six spirales, connectées entre elles par des entretoises. Le squelette d’acier est stabilisé à l’intérieur par un jeu de jambes de force et de roues servant également de système d’accroche pour l’arrosage et les voiles de culture.



- Maîtrise d’ouvrage : Saline royale d’Arc-et-Senans
- Architecte : Yann Rocher
- Bureau d’études : Bernard Babinot
- Constructeur métallique : Metaloform
- Métallier : Jean-Louis Barrand
- Photos : Valentin Reigneau
