CONCOURS ACIER 2020, PREMIER PRIX EX-ÆQUO

BIO RIVER CITY

MALO BOTTANI, VALENTIN LEPLEY-SCHUHMANN
• ENSA NANTES

La Gironde, plus grand estuaire d’Europe occidentale, entité paysagère opérant l’interface entre le continent et l’Atlantique, est un territoire pouvant se lire à plusieurs échelles. D’une part, le fleuve apparaît comme la colonne vertébrale support de zones naturelles sensibles accueillant une riche biodiversité. D’autre part, quelques points singuliers structurent l’embouchure fluviale dont la citadelle de Blaye fait partie. 

Ce monument de défense militaire, érigé par l’ingénieur Sébastien Le Prestre de Vauban au 17e siècle, est une infrastructure qui fut conçue en partie en s’appuyant sur les qualités intrinsèques du site afin d’en conforter la fonction. Aujourd’hui, sa sauvegarde patrimoniale est menacée. De fait, l’érosion liée aux variations du niveau de la Gironde fragilise la roche sur laquelle repose la citadelle et un risque d’effondrement persiste. À terme, ce phénomène tendra à s’intensifier du fait de l’influence de la montée des eaux sur le marnage du fleuve. Enfin, les écosystèmes d’estuaires constituent des territoires permettant d’observer en premier lieu les effets liés au dérèglement climatique et d’anticiper ses effets néfastes futurs. 

Le projet propose de s’appuyer sur ce contexte d’urgence (celui de la sauvegarde de la ruine) afin de se saisir d’une problématique liée au dérèglement climatique. L’ouvrage s’accrocherait donc sur une digue en béton qui aurait été érigée à la hâte en proposant d’y installer un laboratoire à ciel ouvert de la biodiversité estuarienne, espace expérimental où divers acteurs (chercheurs, institutions, étudiants, etc.) sont amenés à travailler ensemble face à cet enjeu sociétal. De plus, la proposition est pensée comme étant un lieu de vie ouvert sur son environnement accessible depuis les remparts. Cet équipement installé en encorbellement et développé sur 700 m de longueur tend à révéler un site par son architecture, mettant en résonance une approche de sauvegarde patrimoniale et de protection environnementale. 

CONCOURS ACIER 2020, PREMIER PRIX EX-ÆQUO

MACHINE À PAYSAGE

RÉÉCRITURE D’UN SITE ABANDONNÉ À MONTPELLIER CAROLINE DESPLAN • ENSA PARIS-BELLEVILLE

La côte méditerranéenne autour de Montpellier se caractérise par une forte densité littorale d’activités humaines, notamment touristiques. Dans ce territoire, on compte plusieurs pôles d’attraction : celui de la métropole montpelliéraine, auquel s’ajoute une multitude de pôles secondaires de villes balnéaires, sur la langue de terre entre étangs et mer. Dessinée par de larges vides séparant ces zones d’attractivité, cette frange de paysages lagunaires camarguais construit l’identité du territoire. 

Cette réécriture propose une lecture sensible d’un territoire littoral abandonné comme espace potentiel de valorisation paysagère et intègre le projet architectural à une réflexion écologique à plus grande échelle. Il cherche à valoriser un site déchu aux problématiques diverses : l’ancienne décharge de Montpellier, qui a longtemps pollué ce paysage si singulier. La Machine à paysage est une usine à double effet. En tirant parti de la décharge pour la dépolluer et en extraire du méthane, qui deviendra une source d’énergie pour la seconde partie de l’usine, elle profite de son implantation entre rivière et étang et installe une centrale osmotique, nécessitant de l’eau douce et salée, pour produire de l’électricité. L’ensemble du processus permet ainsi d’alimenter en électricité la ville voisine (16 300 habitants), d’améliorer l’écosystème des étangs fragilisés, mais surtout de réinvestir ce paysage oublié. Cette ligne dessine un témoignage, une réécriture de ce passé toxique en une opportunité durable et vertueuse pour renouer avec un territoire meurtri. Poutre-treillis en acier de 240 m, l’usine se soulève sur des cuves porteuses, sans toucher au sol naturel. C’est la structure de l’ouvrage encadré par de larges escaliers qui exprime la fonction de l’architecture. Le toit-terrasse projette le regard vers l’horizon marin. Scandée par les cuves, la perspective invite le visiteur à marcher sur toute la longueur du bâtiment pour voir se déployer devant lui le paysage, sujet de toute l’intervention. 

CONCOURS ACIER 2020, TROISIÈME PRIX

FENÊTRE-SUR-SAÔNE

ANAÏS DUCRET, ALICE BARTHÉLÉMY • ENSA PARIS-LA VILLETTE

C’est au Port Nord de Chalon-sur-Saône, sur le bord de sa rivière, que le projet prend place. Doté d’un caractère patrimonial fort, le site doit faire face à un risque majeur régulier : la montée des eaux. Quel devenir peut-on imaginer pour le Port Nord submersible, ses machines industrielles désuètes, ses collectifs d’artistes et ses industries d’acier en perte d’activité ? 

Face à la crise planétaire que nous traversons, la nécessité pour nos disciplines de se renouveler et de penser le monde de demain apparaît plus que jamais indispensable. Le Port Nord pourrait devenir le lieu des possibles pour l’écriture d’un nouveau récit, terre d’expérimentions autour de la gestion des crues et autres aléas naturels. 

Fenêtre-sur-Saône, le Centre technique de création, recherches et formations en architecture, design et ingénierie fonctionnerait en partenariat avec les industries de matériaux in situ. Les machines à l’abandon retrouveraient un usage dans la création de projet à l’échelle 1, mais aussi dans la construction du centre pensé selon les gabarits du pont roulant. Reposant sur les démarches de circuit court et de faible impact, l’édifice fait le choix d’une construction acier inoxydable qui met en action les industries et machines présentes sur place, offrant des possibilités d’adaptation dans le temps, de flexibilité dans l’usage. Les portiques acier constituent la structure principale, une « échelle » qui permet à des modules autoportants de s’y greffer et s’élever en fonction des variations de l’eau. L’assemblage des modules de contreventement se fait sur place jouant avec une penderie de parois, filtres et mobiliers pour proposer des combinaisons variées et adaptables. Destinées à accueillir les crues, des brèches de rétention émergent sous l’édifice qui devient alors une presqu’île, un paysage changeant qui ne cesse de se réinventer pour s’adapter à son milieu et faire du risque un atout. 

CONCOURS ACIER 2020, MENTION SPÉCIALE

VÉLUM 93

TRUCTURE SANITAIRE D’URGENCE
LOUIS GIBAULT • ENSA PARIS-BELLEVILLE

La société a récemment connu un bouleversement historique. La crise sanitaire de la Covid-19 a bousculé toute certitude contemporaine. Comment doit se positionner l’architecte face à ces événements majeurs ? En réponse à cette situation, en partie due aux mutations liées aux changements climatiques et environnementaux, l’intention du travail est de mener une réflexion constructive afin de surmonter de futurs chocs traumatiques naturels. 

Le projet Vélum 93 est né d’un échange avec le docteur Thierry Gibault. L’installation d’urgence proposée est envisagée comme une solution à la surpopulation dans les hôpitaux lors de situations pandémiques, mais elle peut s’adapter à d’autres contextes d’hébergements d’urgence (inondation, incendie ou crise migratoire). La structure métallique mise en oeuvre, assurant rapidité d’exécution et confort sanitaire, s’inspire d’un objet connu de tous : l’ombrelle occidentale. Il s’agit d’un dispositif pliable et transportable protégeant d’éléments naturels. Cette structure est développable et permet d’ériger verticalement l’espace. Ce principe assure un gain de temps considérable et s’adapte à des terrains difficiles. Quatre poutres en acier coulissent autour d’un point structurant vertical qui assure les descentes de charge. Le programme a été établi avec le docteur Gibault afin de proposer les meilleures solutions. L’étanchéité et l’apport en lumière sont assurés par une double peau composée d’une maille métallique rattachée à une toile tendue (reprenant le principe des surfaces minimales). La flexibilité d’adaptation aux catastrophes naturelles donne au projet la possibilité de proposer une variété de solutions. La crise sanitaire actuelle est le support de cette recherche d’expérimentation. Le choix des matériaux facilite les opérations de transport par un poids et un volume réduits. Le projet s’implante dans un territoire aux enjeux sanitaires et sociaux forts, celui de la Seine-Saint- Denis, plus précisément sur l’île Saint-Denis. 

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