L’OBSERVATOIRE ICEMAN ÖTZI PEAK, GLACIER DU VAL SENALES (TRENTIN-HAUT-ADIGE, ITALIE)

« Haut lieu » touristique

Culminant côté italien à 3 251 m d’altitude, le glacier tyrolien du Grawand partage ses eaux entre la mer Noire via la vallée autrichienne de l’Ötztal et l’Adriatique via le Val Senales transalpin. En contrebas du sommet, une momie congelée fut découverte en 1991. Près de deux décennies plus tard, une plateforme panoramique tout en acier autopatinable vient d’y être érigée par l’agence noa*, basée à Bolzano et… Berlin. 

HOMM(AG)E DU CUIVRE 

Jusque-là destiné aux alpages, le Val Senales fut « exploré » dans les années 1920 par quelques alpinistes et skieurs émérites sud-tyroliens. Le développement populaire des sports d’hiver durant les sixties fit du petit village de Maso Corto en aval une station courue à moins de 40 km de Merano. Inauguré en 1975, un téléphérique permit de gagner le sommet du glacier dont le refuge fut, plus tard, remplacé par le Glacier Hotel Grawand, point de départ d’une trentaine de kilomètres de pistes skiables. Le 19 septembre 1991, un couple de randonneurs découvre à 3 606 m, sur les pentes du Similaun proche, un corps gelé gisant dans la glace fondue du glacier. Supposant avoir affaire au cadavre d’un malheureux alpiniste, il le signale à la gendarmerie autrichienne et aux carabiniers italiens. Dégagée quatre jours plus tard, puis héliportée à Innsbruck, la momie révèle sur son site plusieurs vestiges archéologiques. Les scientifiques finiront par établir qu’Ötzi – l’homme de glace – était mort il y a… 4 546 ans, soit à l’âge du cuivre, comme l’attestait la hache trouvée près de son corps. L’Histoire s’étant ainsi invitée à quelques centaines de mètres de l’un des plus hauts hôtels d’Europe, les autorités du Trentin-Haut-Adige décidèrent de bâtir au sommet du pic un « monument » d’où embrasser les cimes à 360° et observer en surplomb la pyramide de pierres signalant le tombeau glacé d’Ötzi. 

COURONNE DES CIMES 

Fondée en 2010 à Bolzano – la capitale du Trentin-Haut- Adige – par Lukas Rungger (1977) et Stefan Rier (1979), l’agence italo-germanique noa*-network of architecture traite de nombreux projets à vocation touristique et hôtelière. Retenue pour celui-ci, elle a imaginé une intervention avec le minimum d’impact sur le site naturel et d’entretien ultérieur, mais permettant aussi une mise en oeuvre compatible avec le climat d’altitude. L’option intégrale en acier autopatinable fut ainsi retenue pour une plateforme d’environ 80 m2 réalisée à partir d’un caillebottis reposant sur une poutraison croisée n’offrant que six points d’ancrage pour un maximum de porte-à-faux. En forme de haricot, les lames rayonnantes qui ceinturent sa périphérie en guise de parapet constituent un effet cinétique modulant en permanence la perception du paysage alentour lors du déplacement de l’observateur, tout en allégeant celle de l’observatoire lui-même et des garde-corps de la rampe et des escaliers d’accès depuis la station supérieure du téléphérique lors de l’ascension. Seuls en émergent la croix métallique préexistante autour de laquelle se love l’édicule et un parallélépipède de section trapézoïdale, prolongé d’un balcon vitré, dont la forme en entonnoir focalise instinctivement le regard du visiteur vers le modeste mausolée de pierres d’Ötzi. Des lettres découpées distillent avec élégance quelques « légendes ». Préfabriqués en atelier, remontés sur la base chantier intermédiaire, les différents « tronçons » constructifs ont été hélitreuillés sur site où ils furent assemblés dans les délais impartis, de mars à août 2020. 

Maître d’ouvrage : Schnalstaler Gletscherbahn AG
Architecte : noa*-network of architecture
Photos : Alex Filz 

Une plateforme d’observation qui culmine à 3 251 m d’altitude.
Une structure architecturale inédite.
Des lattes verticales en acier autopatinable.
Doc. : noa*-network of architecture