Passerelle des Anglais à Soissons

Nouveau belvédère privilégié sur l’Aisne et sur Soissons, la nouvelle passerelle des Anglais, toute en finesse et acier, relie en douceur les deux rives et redevient un espace public majeur de la ville. Inséré dans le paysage urbain, son tracé constitue le point de départ du projet de réaménagement global des Berges de l’Aisne.

Détruit par les Allemands en 1914, rétabli par les Anglais durant l’entre-deux guerres – d’où son nom –, démoli en 1940 puis reconstruit en 1950 sous forme de passerelle piétonne, le Pont des Anglais rebaptisé donc Passerelle des Anglais relie le cœur historique de la ville de Soissons au quartier Saint-Waast, sur l’autre rive de l’Aisne. S’il est de belle conception, l’ouvrage en béton armé s’est pourtant fortement dégradé au fil des années. Au point de décider de le remplacer purement et simplement. Inscrit dans le cadre plus large de l’aménagement des berges de l’Aisne, ce projet de franchissement a pour objectif de revenir à l’esprit du pont d’avant-guerre, c’est-à-dire un ouvrage plus urbain, plus large, moins cambré et placé dans la continuité des rues auxquelles il est relié. C’est là toute la proposition de l’équipe de maîtrise d’œuvre, Barthélémy & Grino Architectes qui a imaginé et conçu un ouvrage sobre et élégant, sans structure apparente sous le tablier. Le projet découle de cet objectif architectural, tout en tenant compte de la double contrainte de l’accès des personnes à mobilité réduite et du gabarit fluvial lié à la navigabilité de l’Aisne. L’amincissement extrême du tablier, à l’aplomb du chenal de navigation, a été rendu possible grâce à la mise en œuvre de deux piles intermédiaires – l’une en rivière et l’autre sur le chemin de halage – et au choix de l’acier pour la réalisation du tablier. La portée structurelle est ainsi ramenée à 45 m pour un franchissement total de 62 m entre les deux perrés.

Finesse et tracé dynamique

En rive droite, côté Saint-Waast, la pile en béton est affirmée : de forme ellipsoïdale, elle s’élève jusqu’au tablier et le supporte directement. En rive gauche, l’autre pile est à l’inverse masquée dans l’estacade existante conservée. Le tablier est porté par deux bras métalliques en forme de V très ouverts et très expressifs, qui permettent de rigidifier sensiblement la passerelle. Il est constitué de deux caissons latéraux de hauteur variable, liaisonnés par des pannes distantes de 2 m. Ces dernières portent le platelage métallique, lui-même couvert d’une résine de finition. L’intrados du pont est constitué d’une tôle continue, lisse, réfléchissant les mouvements de l’eau. La grande finesse de l’ouvrage a rendu nécessaire des études dynamiques poussées. Les garde-corps barreaudés fixés à l’anglaise sur la face arrière des caissons latéraux ont une hauteur constante et leur tracé suit la courbure de la passerelle. De loin, ces garde-corps s’effacent partiellement derrière le tablier de hauteur variable pour s’affiner visuellement au centre et accentuer le tracé dynamique de la passerelle. Des éclairages LED continus sont fixés sous la lisse basse du garde-corps et apportent au cheminement un éclairement homogène et apaisant. Des projecteurs intégrés dans les perrés éclairent la sous-face de la passerelle : de nuit, l’arc tendu du tablier, les bracons métalliques et les piles ellipsoïdales prennent toute leur ampleur.
Maîtrise d’ouvrage Ville de Soissons
Maîtrise d’œuvre : Barthélémy Griño Architectes
Bureau d’études structure : T/E/S/S
Entreprise générale : SOGEA Picardie

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