Passerelle de Saint-Omer, Pas-de-Calais

Une passerelle tout en finesse et sobriété délicatement intégrée aux paysages de Saint-Omer et de ses quais… : c’est là toute la signature de l’agence d’architecture DVVD. Soucieuse de ne pas dénaturer un patrimoine architectural et paysager remarquables, elle a conçu un ouvrage pur, contemporain et sans effet de mode.

Franchissant le canal de Neufossé, la passerelle se dessine comme un simple trait dans le paysage, « ou peut être un tout petit plus qu’un trait, s’épaississant à mi-travée pour renforcer la structure et dessiner une mince courbe en plan et en élévation », précise Daniel Vaniche, architecte de l’agence. Et c’est ce façonnage délicat, si simple au premier abord qui fait toute la différence : d’un point de vue urbain, il marque symboliquement la traversée, si souvent associée à un arc ou une courbe. Architecturalement, il créé une tension entre la clé de l’ouvrage et ses extrémités pour accentuer la magie de cette passerelle qui semble voler ou appuyée sur des éléments très fins. Structurellement enfin, il apporte de l’inertie là où elle est pertinente.

Chantier aisé, économie de matière et maîtrise du budget

Mais au-delà du simple ouvrage de franchissement, la passerelle remplit son rôle d’ouvrage d’art, élément fédérateur et symbolique pour la ville. L’implantation décalée par rapport au canal suit les axes de la ville, prolongeant les cheminements principaux entre le centre-ville et le quartier de la gare comme le ferait une rue piétonne. La passerelle permet de désenclaver la gare en offrant des cheminements plus efficaces et plus naturels. Ainsi implantée, les culées sont au plus proche du canal tout en respectant les contraintes du site. De cette manière la portée minimale dégagée est d’environ 50 mètres. Ce choix participe à l’économie de matière et à la maîtrise du budget. Il permet ainsi d’alléger notablement la charpente principale de l’ouvrage sans nuire à la qualité paysagère et architecturale du projet. Le parti architectural de délicatesse et de transparence a guidé la réflexion vers une structure à la fois simple et raffinée. S’est alors imposé naturellement le choix d’une poutre simple bi-articulée dont l’inertie se développe autant que possible au-dessus du niveau du tablier. Ce dispositif présente des avantages d’un point de vue structurel : insensibilité aux tassements d’appuis, facilité de mise en œuvre (voire de remplacement) par levage, simplicité de maintenance. Étant donné les contraintes de gabarit fluvial, la conception du tablier s’est orientée vers une solution de poutres latérales avec un platelage inférieur très fin pris dans la hauteur de la poutre. Ainsi la passerelle parvient à s’accommoder du gabarit limité. De quoi permettre d’intégrer les garde-corps dans la hauteur des poutres maîtresses sans augmenter la hauteur apparente du tablier. Le platelage (tôle raidie recouverte d’enrobé) s’appuie sur des entretoises espacées de 2,5 m. Ces dernières sont des profilés métalliques du commerce (type HEA) qui participent à la rigidité transversale de l’ouvrage tant pour les aspects statiques que dynamiques. La structure porteuse de la passerelle est métallique, permettant un chantier plus aisé, une forme plus travaillée, un montage plus rapide et un tablier plus fin. L’acier est aussi plus facilement compatible avec une mise en place par grutage. La peinture est un point primordial de la conception de la passerelle puisqu’elle assure la protection anticorrosion de la structure porteuse. Enfin les assemblages sont conçus afin de ne pas laisser de zones de rétention des eaux.

Maîtrise d’ouvrage : CASO
Architecture, ingénierie, design : DVVD : Daniel Vaniche, Bertrand Potel directeurs de projet associés, Nicolas Didier, chef de projet
Entreprise : ACML (études et travaux)
Portée : 50 mètres charpente métallique : 120 tonnes Surface : 392 m2
Concours : 2015 Études : 2015-2016 Chantier

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