Anciennes Halles Alstom et Ecole des Beaux-Arts, Nantes

« Faire ville, faire ville ensemble »… La nouvelle étape entreprise dans la transformation de l’Île de Nantes sur le site des anciennes Halles Alstom, va bien au-delà de la simple réhabilitation. Ce site de 26 000 m² accueille l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire, l’université de Nantes, un ensemble d’immobilier de bureaux, des ateliers d’artistes et un programme de restauration. C’est l’agence Franklin Azzi Architecture qui a assuré une double mission pour ce lieu emblématique : l’aménagement urbain de l’ensemble des Halles Alstom et la construction de l’École des Beaux-Arts.

Lancé en 2013, le vaste chantier de reconversion des anciennes Halles Alstom, construites en 1854 et situées en plein cœur de l’Île de Nantes, a mis fin à une longue période de transition consécutive au départ d’Alsthom, dernier occupant des lieux. S’inspirant de l’histoire industrielle de ce vaste site, le projet de l’Architecte Franklin Azzi, désigné lauréat début 2011, prévoyait la transformation des anciennes Halles pour accueillir la nouvelle école des Beaux-Arts, un pôle universitaire dédié aux cultures numériques, un restaurant ouvert à tous les usagers du quartier, ainsi qu’une offre immobilière dédiée aux entreprises créatives. Si deux Halles ont été détruites pour permettre la création de rues traversantes, piétonnes et cyclables, les Halles subsistantes, elles, ont été préservées. Le parti pris : conserver l’ensemble des squelettes métalliques, requalifier les enveloppes pour insérer à l’intérieur des structures contemporaines répondant aux normes sismiques imposées par le plan de prévention des risques du secteur. « Nous avons fait le choix de valoriser le patrimoine industriel pour en faire un équipement contemporain, en gardant la structure métallique et en la transformant en une verrière, explique l’architecte. Celle-ci abrite un système de boîtes modulables et autonomes qui viennent s’insérer à l’intérieur de ces immenses volumes».

Poupées russes

La forme de l’enveloppe a également été conservée et l’impressionnante couverture de l’École des Beaux-Arts se déploie sur le système en « poupées russes » organisé autour d’une rue intérieure centrale. L’École se répartit en deux volumes parallépipédiques, compacts, s’implantant chacun dans une des deux halles avec des interconnexions au travers de la rue intérieure. Les structures métalliques des halles conservées portent une enveloppe transparente en polycarbonate. Cette peau extérieure s’arrête à la cote altimétrique de 4 mètres par rapport au niveau du sol extérieur, le principe étant de libérer entièrement sur toute la couronne du RDC une vue sur les ateliers, en retrait derrière les structures verticales métalliques existantes. Le dessin des façades offre des vues multiples, tournées vers l’intérieur et/ou l’extérieur du site Alstom. Les ouvertures sont traitées en fonction des usages des pièces qu’elles desservent et des vues qu’elles offrent. Sur les façades Nord et Sud, le RDC est traité par une alternance de pleins et de vides, afin de participer à la mise en valeur des espaces publics. Perméable et transparent, il entretient un dialogue avec la rue, les connections étant physiques et / ou visuelles à la fois.

Performances énergétiques

La réalisation des « boîtes dans la boîte », obéit à un principe de structure auto-stable mis en œuvre afin de créer de la surface de plancher de part et d’autre de la rue intérieure. La structure est complètement désolidarisée de la structure existante. Pour atteindre les performances énergétiques et thermiques attendues, les deux peaux sont parfaitement dissociées : la première, un parapluie en polycarbonate, gère les eaux pluviales et l’apport de lumière naturelle ; la seconde, enchâssée dans chaque halle, est une enveloppe thermique. Laissée apparente, la structure métallique répond ainsi à la réglementation incendie, tandis que l’autonomie des « boîtes » vis-à-vis de l’enveloppe répond aux normes sismiques et au confort thermique. A tous les points de vue techniques – structure, sécurité incendie, thermique, étanchéité – la réhabilitation des halles est distincte de la construction des nouveaux volumes. L’enveloppe est l’ouvrage plus durable du bâtiment, c’est donc sur son isolation que doit d’abord porter l’effort d’économie d’énergie.

D’ici 2020, ce territoire urbain insulaire rassemblera plus de 4 500 étudiants en art, architecture, design, cinéma, médias numériques, danse et musique. À l’abri d’une structure transparente, l’architecture monumentale des Halles 4 et 5 accueille cinq cents étudiants. Avec cette réhabilitation ambitieuse, la nouvelle école offre des locaux adaptés à la production artistique contemporaine : matériaux, numérique, print. Plus de 4 000 m² d’ateliers techniques et de plateaux libres consacrés à la recherche et à l’expérimentation côtoieront la bibliothèque spécialisée en art et un pôle public doté d’un centre de ressources dédié à la création éditoriale et à la jeunesse, d’une galerie d’art contemporain, d’une boutique et d’une épicerie solidaire pour ses étudiants.

Maîtrise d’ouvrage : Nantes Métropole
Aménageur : Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique (SAMOA)
Maîtrise d’œuvre : Architectes mandataires : Franklin Azzi Architecture
Architectes d’exécution : ACS
Ingénierie façade : Tess
Ingénierie généraliste : Setec Bâtiment

Photos : Luc Boegly

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