Architectures
Batignolles 07
L’édifice s’inscrit dans le renouvellement extrêmement dynamique du quartier Clichy-Batignolles, caractérisé en partie par la couverture du réseau ferré menant à la gare St Lazare.
Dans ce quartier desservi par une nouvelle ligne de transport, la mixité des programmes et des services (Cité judiciaire, parc, écoles, cinémas, bureaux et logements) offre au lot O7 un environnement de qualité.
Ruban Continu
Positionné en bordure du faisceau ferroviaire sur la dalle couvrant une partie des voies de remisage, le site est pris entre l’ouverture vers le grand paysage et une nouvelle artère urbaine bientôt densément bâtie.
Le bâtiment est envisagé comme un corps tellurique, qui répond aux lignes de forces du site en rayonnant dans toutes les directions avec une intensité adressée.
Constitué d’un plan « en ruban », il offre aux rails, à la rue et au parc une façade ouverte en réponse à ce contexte. Ainsi, à la manière du ruban de Möbius, les espaces extérieurs et intérieurs s’entremêlent sur toutes les faces du bâtiment, offrant une fluidité d’usage et une continuité visuelle depuis les extérieurs, du rez-de-chaussée jusqu’à la toiture.
Toutes les façades sont conçues avec le même soin, leur continuité est à l’image d’une peau : continue, homogène et sans rupture.
Cette succession de rubans se déploie sur l’ensemble de l’édifice, accentuant ses lignes horizontales comme une sédimentation.
A chaque étage, les niveaux se détachent les uns des autres par superpositions et décalages : leurs inflexions conduisent à une stratification qui accueille naturellement une succession de terrasses tout en évitant les vis à vis importants.
Chaque plateau de bureau peut ainsi bénéficier de vues vers le lointain et d’espaces extérieurs comme autant de respirations au coeur des aménagements intérieurs.
Des accidents morphologiques rythment l’édifice et perturbent sa linéarité. Ces mouvements définissent dans un rapport plein-vide, la relation du bâtiment à son territoire, son attachement au sol, sa masse. Le caractère tellurique de l’édifice s’apprécie ainsi différemment selon deux points de vue:
Celui de la rue dense, urbaine, minérale. De ce côté, le bâtiment s’abaisse progressivement vers l’espace public et vient chercher le riverain avec des terrasses ouvertes. Ce sont ces terrasses successives qui s’ouvrent vers les ilots voisins et répondent aux percées visuelles sur le parc Martin Luther King.
Celui des voies ferrées à la topographie très affirmée. Le bâtiment émerge à l’aplomb du vide créé par le faisceau des voies comme une couche sédimentaire accumulée au-dessus d’un espace creusé. Le paysage accidenté, le relief, les profondeurs et les vastes espaces vides de cette géographie urbaine très particulière, inspirent les variations volumétriques du bâtiment.
On ne travaille pas au bord des voies comme on travaillerait ailleurs. La mise en scène du grand paysage permet d’offrir un rapport au vide qui devient une expérience kinesthésique. L’utilisateur profite du lieu dans son quotidien, il transforme ses habitudes de travail dans une relation intérieure – extérieure, favorisée par les connexions horizontales et verticales.
Une peau changeante
Les façades sont composées d’une alternance de lignes horizontales, formées par les bandes vitrées et par les bandes pleines que sont les allèges. Ces rubans varient en fonction de la hauteur : les parties basses, déficitaires en lumière ont des ouvertures toute hauteur sur les balcons, tandis que les étages hauts naturellement plus lumineux possèdent une allège réduite offrant une vue panoramique sur la ville.
L’ensemble de l’édifice, conçu avec ce système, est habillé de terre cuite émaillée. Ce matériau fait référence aux bâtiments industriels qui jalonnent les réseaux ferrés. Appliqué sur toutes les façades, cette peau devient vivante et son expression changeante selon les directions des façades et au gré de la lumière et du ciel.
Ainsi recouvert, le bâtiment se lit comme un paysage dont les lignes de niveau se déforment sous l’effet d’une tectonique intérieure. Les modules ont été réalisés sur mesure: l’effet aléatoire est obtenu par 3 moules différents disposés selon un algorithme spécialement créé pour le projet.
La nature de l’émail, son relief à rainurage vertical et les angles du profilé produisent une teinte en perpétuel changement qui rappelle l’oeuvre de Soulages.
L’édifice s’ouvre généreusement sur la ville. La transparence du hall d’entrée sur deux niveaux permet à chacun de profiter de l’incroyable géographie du site. Ce hall, conçu à l’échelle du bâtiment offre une respiration pour l’espace public en orientant le panorama vers le faisceau des voies sur laquelle la terrasse est en belvédère.
L’aménagement du hall utilise des matériaux simples. La pierre de Vals calepinée dans sa longueur recouvre le sol ainsi que l’intérieur de l’escalier comme une doublure. La structure métallique composée de poteaux offre un espace spectaculaire de 8 mètres de haut. Ces éléments métalliques en forme de croix confèrent une finesse et une dynamique à la structure. Le travail de piètement des poteaux fait disparaitre les boites à ressorts. Les éléments techniques disparaissent sous les surfaces aux matériaux continus.
Maîtrise d’ouvrage : Emerige (promoteur) BNP Paribas Cardif (investisseur)
Architecte : ChartierDalix architectes (mandataire), Brénac & Gonzalez & Associés
BET fluides : Barbanel
BET Structures : Khephren
BET Hqe : Alto Ingénierie