Cœur de gare, Paris Saint-Lazare

Construction métallique et lumière naturelle s’allient au cœur de la gare Saint-Lazare pour donner forme à la galerie marchande organisée sous la verrière historique de la salle des pas perdus.

Deuxième gare parisienne (après la gare du Nord) en termes de fréquentation avec 450 000 utilisateurs par jour (dont 16% ne voyagent pas) et deuxième gare d’Europe avec 100 millions de voyageurs par an, la gare Saint-Lazare est aussi la plus ancienne gare parisienne. Elle apparaît dès 1935 sous la forme d’un embarcadère au départ du premier chemin de fer créé en direction du Pecq puis de Versailles (1939), à l’initiative des frères Pereire, concessionnaires pour l’Ouest parisien. L’accroissement du trafic et l’ouverture de la ligne Rouen-Le Havre en 1843 imposent d’agrandir l’embarcadère vers la rue Saint-Lazare et de construire un premier grand bâtiment digne de la compagnie ferroviaire (Alfred Armand et Eugène Flachat, architecte et ingénieur). Les quais sont alors couverts d’une vaste verrière dont la charpente légère adopte le système de fermes inventé par l’ingénieur Polonceau. Cette gare édifiée vers 1850 prend le nom de Saint-Lazare et lorsque la rue de Rome est percée en 1868 à travers le village des Batignolles, sa galerie intérieure – dite de Versailles – est allongée pour y trouver un accès. Tous ces ouvrages sont intégrés en 1885 dans un ensemble monumental (Juste Lisch, architecte) qui revêt une longue façade urbaine et permet de dissocier le trafic de banlieue des grandes lignes desservant notamment Le Havre et Cherbourg pour cueillir la riche clientèle transatlantique. L’hôtel Terminus vient compléter la composition pour l’exposition universelle de 1889, érigé en premier plan sur la rue Saint-Lazare et relié à la gare par une passerelle couverte. Les principaux amé- nagements du siècle suivant sont liés à l’arrivée du métro (1905) avec la création de porches et d’escaliers puis de couloirs souterrains (1920), à la décoration de la galerie intérieure ou salle des pas perdus (1930) et à l’implantation d’une galerie marchande (1935) en résonance avec le quartier Haussmann-Opéra, haut lieu des affaires et du commerce. Cet historique justifie une première inscription à l’inventaire des Monuments historiques en 1979, puis un classement en 1984, la protection portant notamment sur les façades et toitures de la gare, ainsi que sur la gale- rie intérieure et le hall d’embarquement. A l’approche de l’an 2000, une modernisation s’impose pour faire face à la fréquentation, améliorer l’accès au métro et valoriser cet ensemble immobilier qui commande 27 voies ferrées supportant 1 600 mouvements par jour. Innervant la gare sur toute sa longueur, la salle des pas perdus et l’ancienne galerie marchande logée en dessous au niveau du parvis sont au cœur de la restructuration définie par les services techniques de la SNCF et soumise à un concours de promoteurs-concepteurs sous l’intitulé “Demain Saint-Lazare”.

Un cœur d’acier pour diffuser la lumière sur trois niveaux

Clarté et lisibilité des espaces sont les principaux objectifs de cette entreprise de valorisation patrimoniale qui consiste à fondre les trois niveaux existants en un seul et même espace placé sous la lumière naturelle de l’ancienne verrière, après élargissement du niveau inférieur conduisant au métro, et à creuser en dessous deux niveaux de parking. Se déroulant au sein d’une gare en activité, ces travaux lourds ont requis une organisation logistique complexe, avec des circulations publiques canalisées en surplomb du chantier. L’excavation (70 000 m3 de déblais) et la reprise en sous-œuvre des fondations d’un bâtiment sans joint de dilatation sur 200 mètres, avec coulage en place de poutres de répartition, ont fait toute la difficulté du chantier. L’introduction et le montage de la charpente métallique qui matérialise la nouvelle galerie commerciale sur deux niveaux furent en comparaison un jeu d’enfant. Le recours à l’acier a permis de regagner du temps pour réduire les délais et de simplifier la logistique en faisant appel à des éléments légers et peu encombrants, acheminés au cœur du bâtiment et aussitôt assemblés. Ces structures apparentes érigées en pied font écho aux fermes Polonceau de la verrière qui ont été restaurées, imposant la fabrication de quelques pièces d’assemblage reproduites à l’identique. La lumière naturelle se propage ainsi par de larges trémies jusque dans le hall du métro redimensionné à cette occasion. Les nombreux escalators qui irriguent ce nouveau cœur de gare lui servent de fils conducteurs et participent de l’animation du lieu en regard des commerces aux enseignes normalisées répartis sur les côtés. La galerie marchande passe ainsi de 6 000 à 10 000 m2. Mais surtout, elle bénéficie d’une lumière naturelle hier inexistante et revêt une forme évidente qui fait l’attrait du lieu.

Maîtrise d’ouvrage
SNCF Gares & Connexions, Ségécé Klépierre et Spie Batignoles Immobilier au sein de Soaval (Société d’aménagement et de valorisation de la gare Saint-Lazare)
Maîtrise d’ouvrage déléguée
Spie Batignoles Immobilier Maîtrise d’œuvre conjointe SNCF Gares & Connexions et AREP (Jean-Marie Duthilleul, Etienne Tricaud, François Bonnefille, Jean-Louis Salama, architectes), DGLa (Thierry de Dinechin, Philippe Gorce, architectes)
BET
Spie SCGPM (structures et phasage), Barbanel (fluides et équipements), AREP (dévoiement réseaux) Direction des travaux AREP, DGLa, SNCF Batimotique
Entreprise générale SPIE SCGPM
Charpente métallique
Montagner

0