Le château de Rentilly

Il était une fois un château sans grande qualité, reconstruit dans les années 1950 après un incendie, toujours sans grand intérêt architectural, mais situé dans un cadre exceptionnel, entre jardin à l’anglaise, perspective à la française et forêts, véritable poumon vert au cœur du territoire de Marne et Gondoire (77). Or il advint qu’un jour du printemps 2011, un appel à candidature fût lancé pour sa réhabilitation. Les propositions affluèrent du pays entier mais seul un projet bien singulier fût retenu…

S’il n’est pas question de raser le château de Rentilly, pourquoi ne pas le faire disparaître ? La question posée est au cœur du travail de l’équipe lauréate du projet, Bona-Lemercier (maîtrise d’ouvrage, architecture), Xavier Veilhan (œuvre artistique) et Alexis Bertrand (scénographie). Au-delà de la seule réhabilitation, le but de l’opération vise à faire une œuvre à la fois artistique et culturelle mettant en valeur les expositions du Fonds régional d’art contemporain (Frac) d’Ile-de-France. Le quatuor propose alors une immersion paysagère totale du château dans le parc, véritable geste artistique et architectural qui consiste à envelopper le château d’une peau en inox poli miroir. Reflétant le cadre de verdure et le ciel, l’effet est saisissant. Le parc rentre littéralement dans le château et ses hautes fenêtres équipées de verre miroir sans tain contribuent à l’impression étrange d’un bâtiment réfléchissant fondu presque entièrement dans le paysage.

Effacement et jeux de transparence

Côté intérieur, Elisabeth Lemercier et Philippe Bona ont évidé la demeure pour reconstruire une structure métallique solide dégageant deux plateaux libres d’exposition de 400 m². Sur le toit, les architectes ont imaginé une splendide terrasse offrant d’un côté, la vue sur le parc à l’anglaise et, de l’autre, une perspective grandiose sur le jardin à la française. Curieusement, ce toit-terrasse participe également de l’effacement du lieu via la rambarde de protection en métal déployé qui vient créer des effets de transparence en renvoyant la couleur de l’azur et des arbres.

400 cassettes en acier inoxydable

Mais loin du conte de fée, la disparition-métamorphose du château de Rentilly ne s’est pas faite en un coup de baguette magique. La pose de la vêture plissée réalisée à partir de cassettes en acier inoxydable a constitué la principale difficulté du chantier. 97 facettes différentes et aucune parallèle : voilà pour la problématique à résoudre par les équipes de Baudin-Châteauneuf. Il a d’abord fallu installer les précadres pour l’habillage des fenêtres en verre miroir et les consoles afin de fixer les rails verticaux sur la façade. Une fois le bâtiment isolé par 15 cm de laine de roche, des gabarits provisoires ont permis d’effectuer le réglage des cassettes mises en place par empilage vertical sur plus de 9 m de hauteur. Quelque 2 000 pièces de fixation différentes ont ainsi été nécessaires pour obtenir l’aspect fin et esthétique du joint creux. Certaines cassettes notamment celles des angles sont parfois distantes du mur de 70 cm. Au total, ce ne sont pas moins de 400 cassettes en acier inoxydable qui ont été installées sur la façade.
Maîtrise d’ouvrage : Communauté d’agglomération de Marne et Gondoire
Maîtrise d’œuvre : Bona-Lemercier Architectes et Xavier Veilhan, artiste plasticien
Entreprises : Baudin-Châteauneuf, Aperam (fourniture de l’acier inoxydable), Vetisol (fabrication des cassettes)

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